lundi 29 juin 2009

Dirty Projectors - Bitte Orca

Label : Domino
Genre : indie rock
Date de sortie : 9 juin 2009









Depuis Rise Above (2007), opus composé de chansons des Black Flag recomposées de mémoire, le nom de Dirty Projectors est sur toutes les lèvres. On murmure au génie, on cite Animal Collective, David Byrne (avec qui le groupe de Brooklyn a d'ailleurs participé au projet Dark Was The Night). L'heure de la reconnaissance avait enfin sonné.

Car jusque là, la formation menée par David Longstreth souffrait d'un léger problème : leur magistrale démonstration de musique intelligente les rendait assez antipathiques. Avec Rise Above, Longstreth avait commencé à mettre un peu d'eau dans son vin. Bitte Orca enfonce le clou.

N'allez pas croire que la formule soit magistralement différente : les arrangements restent savamment intriqués, et les voix de Longstreth, Amber Coffman et Angel Deradoorian suivent sans sourciller ces orchestrations en forme de montagnes russes. Il y a des relents de prétention, peut-être dus au master en composition musicale de Longstreth, mais l'apparente excentricité de la musique de Dirty Projectors n'empêche pas une réelle accessibilité. Les brooklynites sont dans l'exploration sonique, jouent la carte de l'imprévisibilité en passant du math rock aux arpèges enlevés, mais la virtuosité dont ils font preuve n'exclue pas une fraîcheur pop qui leur manquait peut-être jusqu'à présent (fort de son statut de compositeur moderne, Longstreth avait tendance à passer allègrement de la créativité suprême à l'inaudibilité totale... et si l'IRCAM aurait pu voir en lui un collègue émérite, cela rendait l'écoute parfois difficile).



Des cordes carillonnantes de "Cannibal Resources" à l'ondoyante conclusion de "Fluorescent Half-Dome" en passant par la Velvetienne ballade "Two Doves" et les accents indo-R&B de "Stillness Is The Move", l'album d'écoute d'une traite en déroulant virtuosité instrumentale et songwriting acéré. Le mieux est encore de s'installer confortablement, de mettre son casque et et de fermer les yeux. "L'immobilité est le mouvement"...

Alors pas de doute, les Dirty Projectors signent là leur opus le plus abouti, le plus brillant, et sans aucun doute le plus accessible. On irait presque jusqu'à parler de chef-d'oeuvre, mais le temps estival pousse à l'optimisme et on a envie de croire que Bitte Orca n'est que le premier d'une longue suite d'albums époustouflants.

dimanche 21 juin 2009

Interview Jay Hammond (TRIPPERS & ASKERS)





Ce qu'il y a de bien à New York, c'est que chaque sortie représente l'occasion de découvrir à la fois un endroit qui déchire et un groupe qui dépote. Bon alors j'avais déjà été au Monkey Town, bar-restaurant-lieu artistique alternatif de Brooklyn, qui, outre une carte très alléchante, propose à ses clients de se sustenter confortablement installés sur des banquettes (oui, c'est possible de manger à moitié allongé, et oui les orgies romaines devaient être plutôt sympathiques) tout en profitant de concerts, projections vidéo sur les écrans couvrant les quatre murs de la salle, ou happenings en tout genre.

Mais ce soir là, le 23 mai dernier, j'y allais pour découvrir Trippers and Askers, formation brooklynite menée par le singer-songwriter Jay Hammond. Leur myspace était un peu avare d'information, mais l'unique chanson, Anna, m'avait charmée. Folk légère et gracile, arrangements délicats, voix aérienne, si le reste du répertoire du groupe était à l'image de cette chanson, le concert promettait d'être un instant magique.

Et magie il y a eu. Jay et ses camarades ont mis leur public en état d'apesanteur. A l'instar des images projetées sur les murs, la musique de Jay ondule, et emporte l'auditeur telle une douce vague sur le sable tandis que le hammered dulcimer égrenne ses notes comme des gouttes de pluie. Mais oui, tout à fait, il y a de l'eau dans la musique de Trippers & Askers.

La douceur des compositions et les arpèges de guitares évoque une tournure folk à laquelle on aurait cependant tort de se fier. Les instrus sont recherchées, contrebasse, batterie, hammered dulcimer forment des nappes venant s'envelopper les unes les autres avec ça et là, d'infimes et subtiles ruptures de rythmes venant faire tressailler l'apparente harmonie de l'ensemble. Le garçon a longuement étudié le jazz, et ne l'a pas oublié.



Alors peut-être pas le concert idéal pour booster les énergies un samedi soir, mais la bande son idéale d'un moment d'évasion.



Jay Hammond a, comme tant d'autres, trouvé l'inspiration à Brooklyn, NY. Il y a aussi trouvé un label, Outlaws of the Border, qui devrait bientôt faire parler de lui dans nos contrées. Pourquoi ? Parce qu'Outlaws of the Border est une structure hybride fondée par un Français, Gautier, et son épouse américaine. Parce qu'Outlaws of the Border est aussi une marque de vêtements branchés, et fait d'autres choses encore mais ça devient compliqué à expliquer. Parce qu'Outlaws of the Border a également pris sous son aile de prometteurs groupes français : Monsieur Morphée (électro dark, tendance indus), et surtout Sally Jenko (rock, tendance TV On The Radio).

Et pour les assoiffés d'informations:

- le myspace du frère de Jay, Michael, qui joue lui aussi une pop folk aérienne (Summer Brooklyn), mais qui semble s'intéresser de près aux techniques électroniques (Princeton Laptop Orchestra, anyone?)

- le myspace d'Oaken A, duo formé de, oh surprise, Jay et Michael Hammond, qui confirme l'assertion ci-dessus, et mêle harmonieusement musique analogique et électronique.

- le myspace d'un autre groupe new-yorkais signé Ootb, le tout doux Lark & Sorrel, petites soeurs de The Innocent Mission tendance Au Revoir Simone

- un bel article de Time Out NYC sur la collection Outlaws of the Border

"Trippers and askers surround me, People I meet, the effect upon me of my early life or the ward and city I live in, or the nation, The latest dates, discoveries, inventions, societies, authors old and new, My dinner, dress, associates, looks, compliments, dues, The real or fancied indifference of some man or woman I love, The sickness of one of my folks or of myself, or ill-doing or loss or lack of money, or depressions or exaltations, Battles, the horrors of fratricidal war, the fever of doubtful news, the fitful events; These come to me days and nights and go from me again, But they are not the Me myself. Apart from the pulling and hauling stands what I am, Stands amused, complacent, compassionating, idle, unitary, Looks down, is erect, or bends an arm on an impalpable certain rest, Looking with side-curved head curious what will come next, Both in and out of the game and watching and wondering at it. Backward I see in my own days where I sweated through fog with linguists and contenders, I have no mockings or arguments, I witness and wait. " Walt Whitman (Song of Myself)

vendredi 19 juin 2009

Fredo Viola en concert


Ah ben ça y est. Nos calendriers se sont enfin accordés : Fredo Viola sera en concert ce lundi 22 juin au Café de la Danse, et moi aussi.

Avec tout ce que j'ai pu vous raconter sur le bonhomme, il n'y a pas grand chose à rajouter, si ce n'est : VIENDEZ !

lundi 15 juin 2009

NYC, c'est fini...

Pour cette fois en tout cas.

Mais pas d'inquiétude, j'ai assez de matériel pour tenir un bout de temps, et pour rattraper mon manque de régularité et de présence du mois dernier. A ce propos, certains ont interprété cela comme une démonstration de paresse. Sachez qu'il n'en est rien. Mais, le printemps arrivant, les concerts et soirées (ainsi que les visites) ont été nombreuses, et je me suis plutôt attelée à profiter.

Et depuis mon retour... Il paraît que les blogs qui font le plus d'argent sont ceux qui publient au moins (mais généralement plus) un article par jour. Etant donné qu'il n'y a pas de publicité sur le mien, vous ne m'en voudrez pas d'avoir été silencieuse aussi longtemps. Pour ceux qui s'inquiétaient, non, non, je ne suis pas morte. Après un petit épisode dépressif consécutif à mon retour en France à la fin du mois de mai, je me suis attelée à l'interminable travail de conversion des innombrables vidéos, afin de pouvoir monter et publier tout ça (à tout ceux qui se demandent s'ils vont investir dans une caméra HD... à moins d'avoir iLife 08 ou Final Cut 6, oubliez pour le moment. C'est juste une tannée. Si c'est trop tard, Voltaïc est extraordinairement lent, mais fait l'affaire).

J'ai également mis ce temps à profit pour réfléchir à de nouvelles rubriques: en plus des maintenant traditionnelles interviews (à suivre: Julia Haltigan, Trippers & Askers, Field Theory, la suite tant attendue d'Easy Mo Bee...), vidéos de concerts (euh, les mêmes, souvent, et d'autres) et articles vantant les mérites de Barack Obama et autres "politicetés", vous retrouverez, avec la régularité qui me caractérise, le (mon) meilleur du myspace music new-yorkais et des chroniques de lieux en tous genres où il fait bon écouter de la musique à New York. Je cherche des noms pour ces rubriques, propositions bienvenues (non, y a rien à gagner...)