dimanche 26 juillet 2009

Discovery - LP

label : XL Recording
genre : synth-pop, R&B, rock indé, néo-soul, electro
date de sortie : 14 juillet 2009









Un projet réunissant Vampire Weekend (un de mes coups de coeur 2008, Vampire Weekend - XL Recordings) et Ra Ra Riot (chouette découverte de la même année, The Rhumb Line - Barsuk) ? Ou plus exactement le clavier des premiers (Rostam Batmanglij) et le chanteur des seconds (Wes Miles)... Petit frisson en repensant à l'expérience presque parfaite de The Last Shadow Puppets. Etant donné les univers soniques de chacune des formations, ça m'a semblé prometteur dès le départ et quand le première galette de Discovery est sortie, je me suis un peu ruée dessus.

Simplicité et itération semblent les mots clés de cet opus synth-pop technicolore, qui fleure à la fois le R&B, la dance, le hip hop et le dancehall, le tout dans un genre légèrement cliché passé à la moulinette du tout-synthétique qui fait quand même bien plaisir à entendre. Raccord avec leur patronyme, Discovery semble avancer sur ce nouveau territoire pop R&B les yeux grands ouverts et remplis de l'enthousiasme des explorateurs. Ca clappe des mains à tout va dès l'ouverture ("Orange Shirt"), tandis que les deux gaillards viennent allègrement piétiner les plates-bandes de leurs voisins de Dirty Projectors, qui semblent ne pas leur en tenir rigueur puisque Angel Deradoorian vient skatter sur "I Wanna Be Your Boyfriend".



Sur le Art of Nois-y "So Insane", c'est au tour de Miles de s'y coller et il faut bien avouer que le garçon s'en sort plutôt bien. Les fans de feu Michael ouverts à ce genre d'exercices et remis de leurs émotions apprécieront la reprise déconstruite et rêveuse de son "I Want You Back", qui réussit le tour de force d'allier down-tempo et allure festive. "Can You Discover", reprise androïde et erratique de "Can You Tell" lissée à Auto-Tune prouve que la formule Discovery s'applique aussi bien au rock garage orchestral de Ra Ra Riot qu'à l'afro-pop de VW.

Quand Ezra Koening (chanteur de VW, donc) vient rejoindre son clavier, la magie opère encore. Mais "Carby" ne rattrape pas tout à fait la deuxième moitié de LP. L'amateurisme de la production saute aux yeux, et si, sur la première partie de l'album, il renforce le côté naïf et spontané de l'électro-pop barbapapa de Discovery, il souligne ensuite le léger manque de profondeur. Mais rien de grave, finalement : LP est un disque plein d'entrain et de joie de vivre, parfait pour la saison estivale, qui accompagnera les barbecues ou les apéros au bord de la piscine. A condition de les faire courts : 30 minutes, ça passe vite.

liens:
- le myspace de Discovery
- le myspace de Vampire Weekend
- le myspace de Ra Ra Riot
- parce que ça mange pas de pain de le remettre, le myspace de Dirty Projectors

Pour les pages facebook, faudra chercher tout seul.

dimanche 19 juillet 2009

Moby - Wait For Me

label : Little Idiot/Because
genre : electronica
date de sortie : 29 juin 2009










On est bien loin de l'hédonisme façon club de Last Night (2008). Ou plutôt, comme le pastoral Seventh Tree de Goldfrapp succédait en douceur au stimulant Supernature, Wait For Me est la suite logique de son prédécesseur : après avoir dansé et bu toute la nuit, il est temps de rentrer chez soi, et de s'abandonner à ce léger sentiment de vide.

Il paraît que Moby a trouvé l'inspiration dans un speech du réalisateur David Lynch (qui signe la vidéo du premier single, "Shot in the Back of the Head", un des titres les plus évocateurs de l'ambiance générale de l'opus) sur la commercialisation de la créativité artistique moderne. Qu'il s'y soit reconnu ou qu'il se soit simplement senti concerné par cet état de fait, il a apparemment décidé de composer un opus plus dans l'introspection, dont la mélancolie viendrait souligner sa dévotion à son travail. Le résultat est un opus plus sombre, plus intime, mais aussi infiniment plus organique. Et d'une sincérité lumineuse. L'autoproclamé "Little Idiot" mêle savamment nappes d'instruments électriques et acoustiques, instrumentations célestes ("Division"), percus brutes, envolées flamboyantes de cordes ("Shot in the Back of the Head"), piano muet et guitares enlevées. Il a ouvert les portes de son modeste home studio new-yorkais à son ami et producteur Ken Thomas (Cocteau Twin, Sigur Ros, M83), qui n'est sans doute pas pour rien dans ces orchestrations ethérées.

Fidèle à son habitude, ce sont ses amis du Lower East Side (et de Brooklyn) qui sont venus poser leurs voix. On n'a clairement pas le même voisinage, et j'échangerais volontiers mes voisins d'en face contre une ou plusieurs Leela James, qui, en murmurant de son timbre feutré sur "Walk With Me", conjure une fin de soirée paresseuse et enfumée. Kelli Scarr et Melody Zimmer ne sont pas en reste.

Moby a composé Walk With Me comme un ensemble, qu'il nous invite à écouter du début à la fin. C'est une demande à laquelle certains, l'iPod bloqué sur le mode Shuffle, auront du mal à répondre positivement. Je vais donc vous donner deux arguments pour exaucer les souhaits du New-Yorkais. Premièrement, certains titres ("Mistake", au hasard) sont un peu moins accomplis et ne fonctionnent pas seuls. Et deuxièmement, pour une fois que ça vaut effectivement le coup, ce serait dommage de s'en passer.

Alors si Wait For Me a peu de chances de conquérir les clubs, Richard Melville Hall va certainement encore squatter les bandes originales de films, de séries et de pubs TV, ainsi que probablement pas mal de bars, restaurants et ascenceurs branchés, mais au final, ça n'a pas tant d'importance : Wait For Me est presque tout aussi accompli que Play (1999). Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre.

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Alors, je n'ai pas décroché d'interview de Moby (pas que j'ai ne serait-ce que pris la peine de demander, il faut savoir connaître ses limites), mais c'est pas si grave puisque l'artiste s'est chargé de répondre à nos interrogations dans une animation mignonne tout plein : "Dog interviews Little Idiot" (et là je me dis: si le petit chien a réussi, j'aurais peut-être du tenter...)



Et, pour finir, la fameuse vidéo lynchienne de "Shot in the Back of the Head":



liens :
- le website de Moby
- parce que Moby a l'air bien décidé à prouver le désintérêt de sa démarche artistique, son site mobygratis, où réalisateurs de tout poil n'ayant pas pour but de se faire de l'argent peuvent utiliser de la musique composée par le musicien

mardi 14 juillet 2009

Mos Def - The Ecstatic

label: downtown
genre: hip hop, rap
date de sortie: 9 juin 2009









Mos Def
est extatique, et il y a de quoi : avec son dernier opus, il se refait une image, mise à mal par ses essais précédents, qui s'étaient révélés inégaux et décevants malgré la présence de quelques beaux titres (après, il paraît que c'était une stratégie pour se faire virer de son label... allez savoir).

L'opus s'ouvre sur "Supermagic", qui a comme un air de déjà-entendu... Oh, c'est un sample du "Ince Ince" de Selda Bağcan (1974), utilisé par Oh No sur son single "Heavy" (Oh No Oxperiment, 2007). Ce n'est sans doute pas un hasard, puisque une bonne partie de la joyeuse équipe de magiciens soniques de Stones Throw (Madlib, feu J Dilla, Georgia Ann Muldrow et, bien entendu, Oh No) ont produit près de la moitié de l'opus.

Def a privilégié l'enchaînement de titres courts, au rythme balancé, faisant fi de la structure couplet-refrain-couplet. Son propos est ainsi clair, concis. Les beats orageux accentuent la charge politique des paroles. La seule exception est "Pretty Dancer" qui en apparaît comme le point faible de l'opus, malgré le travail funky de Madlib.

Mais le reste d'Ecstatic fait bien vite oublier ce petit accident de parcours. Pretty Flaco chantonne en espagnol sur un "No Hay Nada Mas" brûlant, gorgé de rythmes latins conconctés par Preservation ; la patte du Beat Conducta (in India) se retrouve sur "Auditorium", qui frise la perfection ; Def nous a même mis une chouette ballade dans le lot, Pistola, gorgée de funk, de soul et de jazz (merci, Oh No). Petit moment de fierté nationale avec "The Embassy" qui voit le DJ et producteur de house français Mr. Flash (Ed Banger) conconter un paysage sonore en forme d'écrin pour le flow leste de Mos Def (Bousquet signe également la production de "Life in Marvelous Time" et de "Worker's Comp").

Tout au long des 16 titres que comptent l'album, Mighty Mos apparaît libéré, et empreint d'une spontanéité qu'on avait crue perdue depuis ses débuts en solo avec Black On Both Sides, il y a 10 ans de cela. Ecstatic est sans contexte son meilleur disque depuis, et jusque là un des meilleurs opus de hip hop de l'année.

liens :
- le myspace de Mos Def
- le myspace de Black Star (Def & Kweli, en featuring sur The Ecstatic)