Mais protester contre quoi exactement ? Le principal écueil est la réforme du système de santé. C'était déjà mal barré avant ses vacances, son discours exceptionnel devant le Congrès du 9 septembre ne semble guère avoir changé les choses, du moins pour les détracteurs du Président. Obama va devoir ramer sévère pour rallier une part de républicains modérés devant le parlement s'il ne veut pas subir un échec politique cinglant. Bon, la question divise les parlementaires, rares sont les réformes qui rencointrent un front uni. Mais les citoyens ? C'est quoi leur problème ? Vraisemblablement, ils n'ont surtout pas bien compris de quoi il retournait.
Et certains ont sauté sur l'occasion pour en rajouter dans la désinformation, en taxant notamment la réforme, et Barack Obama, de "socialiste" (note pour plus tard : la prochaine fois que je suis en panne d'insulte aux Etats-Unis, penser à associer "socialist" à tout le reste pour un effet exponentiel). Sarah Palin, ex-candidate à la vice présidence des Etats-Unis aux côtés de John McCain, a quant à elle déclaré en aout 2009 que Barack Obama cherchait à mettre en place des "tribunaux de la mort", dans lesquels des bureaucrates décideraient de qui a le droit de se faire soigner ou non. De nombreuses rumeurs circulent par ailleurs, affirmant que le projet serait pro-euthanasie, réduirait Medicaid et Medicare, ou prévoirait une nationalisation des soins.
Joe "You Lie" Wilson (nouvelle mascotte de l'Amérique conservatrice) aurait peut-être dû se pencher là-dessus avant de traiter Obama de menteur lors de son discours devant le Congrès. Le Washington Post en aurait presque oublié la réforme pour se pencher sur le congressman en question. De nombreux manifestants, visiblement en panne d'inspiration, arboraient d'ailleurs des affichettes "Vous mentez".
D'autres ont préféré l'originalité : ""L'avortement n'est pas un soin médical", "Hitler to Obama", "Obamunism, Eat The Rich", etc. Mon affichette favorite reste celle-ci, alliant design et humour à la perfection. Comment ça, ils sont sérieux ?
Mais malgré sa pertinente et sonore intervention, la majorité des journaux américains semblent avoir accordé au Président une moyenne suffisante pour être admis à l'oral. Offensif sans être agressif, Obama a "remobilisé les démocrates déprimés, rassuré les indépendants désenchantés" et, surtout, "intimidé les républicains", estime un journaliste de CNN s'exprimant sur le Huffington Post.
De notre côté de l'Atlantique, les médias français en font des gorges chaudes, clamant "la fin de l'état de grâce" de Barack Obama (presque tous, une recherche google le démontre rapidement, comme quoi, il n'y a pas que les manifestants de Washington qui manquent d'inspiration), qui a chûté d'une dizaine de points dans les sondages depuis son entrée en fonction, pataugeant aujourd'hui à 52%. Bouh, mauvais président, qu'ils disent. "Grosse fatigue", à la peine, pas sorti de l'ornière... Et pendant ce temps là, on en oublierait presque que la côte de popularité NOTRE président semble tomber dans un puits sans fonds. Selon un sondage Viavoice pour Libération, il ne reste que 44% des Français à avoir une "bonne" opinion de Nicolas Sarkozy (et quand 58% des sondés estiment que le bilan de l'action présidentielle face à la crise est négatif, on se demande comment ils peuvent encore être si nombreux à avoir une opinion favorable... enfin, c'est le mystère des sondages...)
Cependant, certains, comme la dame ci-dessus, ont bien compris en quoi la réforme leur serait bénéfique, et n'hésitent pas non plus à le clamer haut et fort. Pour ceux que ça intéresse ici, Rue89 a publié un article ma foi très utile : "La Réforme du Système de Santé Expliquée aux Nuls" (reste à la traduire en anglais... et à l'envoyer à David, un jeune employé de 25 ans, est lui très en colère. « Tu vas voir ce qui va se passer, il y a un moment où ils vont décider de tuer les vieux et les malades parce qu’ils coûtent trop cher. Je le sais, parce que c’est ça qu’ils font en Angleterre et dans d’autres pays d’Europe. » - source : RFI). Même objectif pour cet article du NouvelObs. Sinon, il reste le Sicko de Michael Moore, qui, à défaut de faire preuve d'objectivité, vous fera adorer votre CPAM.
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