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jeudi 27 août 2009

Martha's Vineyard vs. Veckatimest / Grizzly Bear - Veckatimest

label: Warp
genre: indie folk, lo-fi
date de sortie: 25 mai 2009









Si le Président américain fait indirectement beaucoup de pub à Martha's Vineyard, qui ne semble guère en avoir besoin, une autre île de la région s'est elle aussi retrouvée, il y a quelques mois, sous les feux des projecteurs. Sa situation géographique restera son seul point commun avec Martha's Vineyard, puisque Veckatimest est complètement déserte et tient plus du bout de terre rocailleux affleurant au milieu de l'océan que de la destination de villégiature pour gens très aisés au pedigree impeccable.

Car oui, le dernier opus des New-Yorkais Grizzly Bear (sorti au mois de mai, soit, mais à l'époque j'étais bien trop occupée à profiter de mes derniers instants dans la Big Apple pour le chroniquer, donc merci Obama d'avoir remis le Massachussets dans l'oeil des projecteur) tient son nom d'un petit îlot au large des côtes du Massachussets, et d'aucuns voudront voir dans l'atmosphère mystérieuse de l'opus le reflet de cette inspiration. Quoiqu'il en soit, Veckatimest est simplement phénoménal, magnifique.



Alors ça fait un moment que Ed Droste et ses amis tiennent en haleine le petit monde de la musique. Si je n'avais pas connu Grizzly Bear avant d'arriver à New York en octobre dernier, j'aurais eu vite fait de faire leur connaissance puisque le quartet local était déjà sur toutes les lèvres, d'Andrew Wyatt (Fires of Rome, et aujourd'hui, Miike Snow - merci M. pour la prise de conscience) à Jay Hammond (Trippers and Askers). Et si Grizzly Bear se faisait attendre depuis l'ep Friends, ses membres n'avaient pas disparu pour autant : Daniel Rossen, moitié de Department of Eagles, nous avait offert une superbe galette l'an dernier, Chris Taylor s'est illustré à la production stellaire du dernier Dirty Projectors (et signe celle de Veckatimest), et le groupe lui-même avait tourné intensément, collaborant notamment avec Nico Mulhy (qu'on retrouve aux cordes sur Veckatimest) et l'orchestre philarmonique de Brooklyn. L'opus était donc attendu avec impatience, et ne fait que confirmer le bien fondé de l'engouement pour les Brooklynites.

Si Horn of Plenty avait été conçu en solo par Droste (chant, guitare, claviers), Veckatimest est le résultat d'une intense collaboration de ce dernier avec ses compères. Le groupe a poursuivi et approfondi ses expérimentations, et chaque chanson de ce nouvel album tend vers des espaces plus grands, plus pleins, tant au niveau du spectre sonique qu'au niveau de la composition. Nos quatre garçons dans le vent semblent n'avoir plus qu'un seul et même esprit, fonctionnant à l'unisson.


Le single "Two Weeks" est juste une merveille de pop à l'état pur, qui démontre magistralement l'attention que Grizzly Bear porte aux détails, même les plus infimes. Rien n'est laissé au hasard, des vocalises tranquilles de Droste aux harmonies de Taylor, des accents doo-wop à la ligne de basse enlevée. Et alors que la voix de Victoria Legrand, moitié féminine de Beach House, vient se poser sur le refrain, on a la sensation d'avoir atteint la perfection. Les brooklynites sont des maîtres es arragements, et Veckatimest n'échappe pas à la règle. Les claviers semblent en détresse, les choeurs désincarnés, et les cordes de Muhly, lointaines. Cependant, qu'on l'écoute le nez au vent, face à l'océan, ou le nez dans l'aisselle de son voisin, dans un bus bondé, l'opus conjure un coin de nature, comme une échappatoire pour celui qui l'écoute, des plages glacées d'Islande (Bjork et Efterklang - Danois, certes - ne sont pas loin sur des titres comme "I Live With You" ou "Foreground") aux sentiers de Park Slope (Animal Collective, maybe ?). Qu'il s'agisse de l'éthéré "Two Weeks", du spectral "Dory" ou du lanscinant "I Live With You", les choeurs enfantins, les arrangements somptueux, les fréquents changements de texture et les détours mélodiques sont à chaque fois une manière de pénétrer l'oreille de l'auditeur pour y rester. Il fallait bien quatre passionnés pour mettre autant de sueur dans leur musique et qu'il en ressorte un opus aussi léger et naturel.

dimanche 26 juillet 2009

Discovery - LP

label : XL Recording
genre : synth-pop, R&B, rock indé, néo-soul, electro
date de sortie : 14 juillet 2009









Un projet réunissant Vampire Weekend (un de mes coups de coeur 2008, Vampire Weekend - XL Recordings) et Ra Ra Riot (chouette découverte de la même année, The Rhumb Line - Barsuk) ? Ou plus exactement le clavier des premiers (Rostam Batmanglij) et le chanteur des seconds (Wes Miles)... Petit frisson en repensant à l'expérience presque parfaite de The Last Shadow Puppets. Etant donné les univers soniques de chacune des formations, ça m'a semblé prometteur dès le départ et quand le première galette de Discovery est sortie, je me suis un peu ruée dessus.

Simplicité et itération semblent les mots clés de cet opus synth-pop technicolore, qui fleure à la fois le R&B, la dance, le hip hop et le dancehall, le tout dans un genre légèrement cliché passé à la moulinette du tout-synthétique qui fait quand même bien plaisir à entendre. Raccord avec leur patronyme, Discovery semble avancer sur ce nouveau territoire pop R&B les yeux grands ouverts et remplis de l'enthousiasme des explorateurs. Ca clappe des mains à tout va dès l'ouverture ("Orange Shirt"), tandis que les deux gaillards viennent allègrement piétiner les plates-bandes de leurs voisins de Dirty Projectors, qui semblent ne pas leur en tenir rigueur puisque Angel Deradoorian vient skatter sur "I Wanna Be Your Boyfriend".



Sur le Art of Nois-y "So Insane", c'est au tour de Miles de s'y coller et il faut bien avouer que le garçon s'en sort plutôt bien. Les fans de feu Michael ouverts à ce genre d'exercices et remis de leurs émotions apprécieront la reprise déconstruite et rêveuse de son "I Want You Back", qui réussit le tour de force d'allier down-tempo et allure festive. "Can You Discover", reprise androïde et erratique de "Can You Tell" lissée à Auto-Tune prouve que la formule Discovery s'applique aussi bien au rock garage orchestral de Ra Ra Riot qu'à l'afro-pop de VW.

Quand Ezra Koening (chanteur de VW, donc) vient rejoindre son clavier, la magie opère encore. Mais "Carby" ne rattrape pas tout à fait la deuxième moitié de LP. L'amateurisme de la production saute aux yeux, et si, sur la première partie de l'album, il renforce le côté naïf et spontané de l'électro-pop barbapapa de Discovery, il souligne ensuite le léger manque de profondeur. Mais rien de grave, finalement : LP est un disque plein d'entrain et de joie de vivre, parfait pour la saison estivale, qui accompagnera les barbecues ou les apéros au bord de la piscine. A condition de les faire courts : 30 minutes, ça passe vite.

liens:
- le myspace de Discovery
- le myspace de Vampire Weekend
- le myspace de Ra Ra Riot
- parce que ça mange pas de pain de le remettre, le myspace de Dirty Projectors

Pour les pages facebook, faudra chercher tout seul.

dimanche 19 juillet 2009

Moby - Wait For Me

label : Little Idiot/Because
genre : electronica
date de sortie : 29 juin 2009










On est bien loin de l'hédonisme façon club de Last Night (2008). Ou plutôt, comme le pastoral Seventh Tree de Goldfrapp succédait en douceur au stimulant Supernature, Wait For Me est la suite logique de son prédécesseur : après avoir dansé et bu toute la nuit, il est temps de rentrer chez soi, et de s'abandonner à ce léger sentiment de vide.

Il paraît que Moby a trouvé l'inspiration dans un speech du réalisateur David Lynch (qui signe la vidéo du premier single, "Shot in the Back of the Head", un des titres les plus évocateurs de l'ambiance générale de l'opus) sur la commercialisation de la créativité artistique moderne. Qu'il s'y soit reconnu ou qu'il se soit simplement senti concerné par cet état de fait, il a apparemment décidé de composer un opus plus dans l'introspection, dont la mélancolie viendrait souligner sa dévotion à son travail. Le résultat est un opus plus sombre, plus intime, mais aussi infiniment plus organique. Et d'une sincérité lumineuse. L'autoproclamé "Little Idiot" mêle savamment nappes d'instruments électriques et acoustiques, instrumentations célestes ("Division"), percus brutes, envolées flamboyantes de cordes ("Shot in the Back of the Head"), piano muet et guitares enlevées. Il a ouvert les portes de son modeste home studio new-yorkais à son ami et producteur Ken Thomas (Cocteau Twin, Sigur Ros, M83), qui n'est sans doute pas pour rien dans ces orchestrations ethérées.

Fidèle à son habitude, ce sont ses amis du Lower East Side (et de Brooklyn) qui sont venus poser leurs voix. On n'a clairement pas le même voisinage, et j'échangerais volontiers mes voisins d'en face contre une ou plusieurs Leela James, qui, en murmurant de son timbre feutré sur "Walk With Me", conjure une fin de soirée paresseuse et enfumée. Kelli Scarr et Melody Zimmer ne sont pas en reste.

Moby a composé Walk With Me comme un ensemble, qu'il nous invite à écouter du début à la fin. C'est une demande à laquelle certains, l'iPod bloqué sur le mode Shuffle, auront du mal à répondre positivement. Je vais donc vous donner deux arguments pour exaucer les souhaits du New-Yorkais. Premièrement, certains titres ("Mistake", au hasard) sont un peu moins accomplis et ne fonctionnent pas seuls. Et deuxièmement, pour une fois que ça vaut effectivement le coup, ce serait dommage de s'en passer.

Alors si Wait For Me a peu de chances de conquérir les clubs, Richard Melville Hall va certainement encore squatter les bandes originales de films, de séries et de pubs TV, ainsi que probablement pas mal de bars, restaurants et ascenceurs branchés, mais au final, ça n'a pas tant d'importance : Wait For Me est presque tout aussi accompli que Play (1999). Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre.

*******

Alors, je n'ai pas décroché d'interview de Moby (pas que j'ai ne serait-ce que pris la peine de demander, il faut savoir connaître ses limites), mais c'est pas si grave puisque l'artiste s'est chargé de répondre à nos interrogations dans une animation mignonne tout plein : "Dog interviews Little Idiot" (et là je me dis: si le petit chien a réussi, j'aurais peut-être du tenter...)



Et, pour finir, la fameuse vidéo lynchienne de "Shot in the Back of the Head":



liens :
- le website de Moby
- parce que Moby a l'air bien décidé à prouver le désintérêt de sa démarche artistique, son site mobygratis, où réalisateurs de tout poil n'ayant pas pour but de se faire de l'argent peuvent utiliser de la musique composée par le musicien

mardi 14 juillet 2009

Mos Def - The Ecstatic

label: downtown
genre: hip hop, rap
date de sortie: 9 juin 2009









Mos Def
est extatique, et il y a de quoi : avec son dernier opus, il se refait une image, mise à mal par ses essais précédents, qui s'étaient révélés inégaux et décevants malgré la présence de quelques beaux titres (après, il paraît que c'était une stratégie pour se faire virer de son label... allez savoir).

L'opus s'ouvre sur "Supermagic", qui a comme un air de déjà-entendu... Oh, c'est un sample du "Ince Ince" de Selda Bağcan (1974), utilisé par Oh No sur son single "Heavy" (Oh No Oxperiment, 2007). Ce n'est sans doute pas un hasard, puisque une bonne partie de la joyeuse équipe de magiciens soniques de Stones Throw (Madlib, feu J Dilla, Georgia Ann Muldrow et, bien entendu, Oh No) ont produit près de la moitié de l'opus.

Def a privilégié l'enchaînement de titres courts, au rythme balancé, faisant fi de la structure couplet-refrain-couplet. Son propos est ainsi clair, concis. Les beats orageux accentuent la charge politique des paroles. La seule exception est "Pretty Dancer" qui en apparaît comme le point faible de l'opus, malgré le travail funky de Madlib.

Mais le reste d'Ecstatic fait bien vite oublier ce petit accident de parcours. Pretty Flaco chantonne en espagnol sur un "No Hay Nada Mas" brûlant, gorgé de rythmes latins conconctés par Preservation ; la patte du Beat Conducta (in India) se retrouve sur "Auditorium", qui frise la perfection ; Def nous a même mis une chouette ballade dans le lot, Pistola, gorgée de funk, de soul et de jazz (merci, Oh No). Petit moment de fierté nationale avec "The Embassy" qui voit le DJ et producteur de house français Mr. Flash (Ed Banger) conconter un paysage sonore en forme d'écrin pour le flow leste de Mos Def (Bousquet signe également la production de "Life in Marvelous Time" et de "Worker's Comp").

Tout au long des 16 titres que comptent l'album, Mighty Mos apparaît libéré, et empreint d'une spontanéité qu'on avait crue perdue depuis ses débuts en solo avec Black On Both Sides, il y a 10 ans de cela. Ecstatic est sans contexte son meilleur disque depuis, et jusque là un des meilleurs opus de hip hop de l'année.

liens :
- le myspace de Mos Def
- le myspace de Black Star (Def & Kweli, en featuring sur The Ecstatic)

lundi 29 juin 2009

Dirty Projectors - Bitte Orca

Label : Domino
Genre : indie rock
Date de sortie : 9 juin 2009









Depuis Rise Above (2007), opus composé de chansons des Black Flag recomposées de mémoire, le nom de Dirty Projectors est sur toutes les lèvres. On murmure au génie, on cite Animal Collective, David Byrne (avec qui le groupe de Brooklyn a d'ailleurs participé au projet Dark Was The Night). L'heure de la reconnaissance avait enfin sonné.

Car jusque là, la formation menée par David Longstreth souffrait d'un léger problème : leur magistrale démonstration de musique intelligente les rendait assez antipathiques. Avec Rise Above, Longstreth avait commencé à mettre un peu d'eau dans son vin. Bitte Orca enfonce le clou.

N'allez pas croire que la formule soit magistralement différente : les arrangements restent savamment intriqués, et les voix de Longstreth, Amber Coffman et Angel Deradoorian suivent sans sourciller ces orchestrations en forme de montagnes russes. Il y a des relents de prétention, peut-être dus au master en composition musicale de Longstreth, mais l'apparente excentricité de la musique de Dirty Projectors n'empêche pas une réelle accessibilité. Les brooklynites sont dans l'exploration sonique, jouent la carte de l'imprévisibilité en passant du math rock aux arpèges enlevés, mais la virtuosité dont ils font preuve n'exclue pas une fraîcheur pop qui leur manquait peut-être jusqu'à présent (fort de son statut de compositeur moderne, Longstreth avait tendance à passer allègrement de la créativité suprême à l'inaudibilité totale... et si l'IRCAM aurait pu voir en lui un collègue émérite, cela rendait l'écoute parfois difficile).



Des cordes carillonnantes de "Cannibal Resources" à l'ondoyante conclusion de "Fluorescent Half-Dome" en passant par la Velvetienne ballade "Two Doves" et les accents indo-R&B de "Stillness Is The Move", l'album d'écoute d'une traite en déroulant virtuosité instrumentale et songwriting acéré. Le mieux est encore de s'installer confortablement, de mettre son casque et et de fermer les yeux. "L'immobilité est le mouvement"...

Alors pas de doute, les Dirty Projectors signent là leur opus le plus abouti, le plus brillant, et sans aucun doute le plus accessible. On irait presque jusqu'à parler de chef-d'oeuvre, mais le temps estival pousse à l'optimisme et on a envie de croire que Bitte Orca n'est que le premier d'une longue suite d'albums époustouflants.

vendredi 3 avril 2009

Harlem Shakes - Technicolor Health

Label : gigantic music
Genre : pop, indie rock, electro
Date de sortie : 24 mars 2009









De temps en temps, je rentre chez un disquaire, et j'achète un album au hasard dans le rayon nouveautés, de préférence parmi les albums mis en avant. Bizarrement, je n'ai jamais eu de mauvaise surprise. Sans doute parce que je ne m'essaie pas à cet exercice chez n'importe quel disquaire. Je passe le tout en revue, en prends un, le repose, en prends un autre, le repose, jusqu'à ce que j'arrête mon choix. Parce que j'aime la pochette, ou le nom du groupe, ou le titre des chansons. Ou tout ça à la fois.

Ça a été le cas de Harlem Shake. Je me suis aussi dit qu'avec un nom pareil, ils devaient être de New York (de Brooklyn, en fait) et que ça devait groover (malgré les percus exotiques et les cuivres, c'est plutôt indie rock, en fait).

Dès l'ouverture, "Nothing But Change II" ancre les Brooklynites aux côtés de Vampire Weekend. La chanson commence sur des accents funky avant d'exploser dans un refrain tout en choeurs doo-wop, clappements de mains et cuivres rugissants, assaisonnés de blips électroniques de jeux vidéo vintages. On ne pouvait rêver mieux pour appréhender Harlem Shakes, et trépigner d'impatience (ou d'appréhension, selon qu'on est optimiste ou pessimiste) avant de découvrir la suite. Et ouf, le titre suivant, "Strictly Game", qui s'avère être le single, ne vient pas contredire la première impression. Le bruit de statique s'estompe pour faire place aux percus lives et électroniques, qui finissent par se confondre en un joyeux bordel frénétique.

Durant les 37 minutes que dure l'opus, rien ne vient contredire ce qu'annonçait le titre : Technicolor Health dégage un optimisme assumé et un son ensoleillé ("Sunlight", notamment, et sans surprise), une vibe à la Beach Boys, qui donne envie de chantonner en choeur, tout en dansant joyeusement.


Les riffs de guitare post-punk se heurtent aux claviers très 21e siècle, les "vrais" instruments se fondent dans la musique produite par des jouets en tout genre (Nintendo, Casio, Lansay ? Difficile à dire...), le tout finissant toujours par se noyer, à un moment ou à un autre, dans un véritable mur d'harmonies à la Phil Spector. Au final, c'est comme si chaque membre du groupe jouait sa propre chanson mais, miraculeusement, l'ensemble se mêle parfaitement. Dans un formidable élan démocratique, chacun à droit à la parole, et chacun (sans compter les choeurs additionnels) s'en donne à choeur joie en ooh, aah, nanana, tutudutuuu, venant envelopper la voix du chanteur, Lexy Benaim. Dans un souci d'équité et pour respecter la leur, on précisera ici les noms des autres membres du joyeux quintet : Brent à la batterie (et assimilé), Kendrick aux claviers, Todd à la guitare et Jose à la basse (et tous au chant, donc)

L'album se clôt bien trop rapidement avec la chanson éponyme, qui vient lentement calmer notre ferveur, sans pour autant rafraîchir l'ambiance. Si Gigantic fait bien son travail, nul doute que les Shakes traverseront l'Atlantique aussi vite qu'ils nous emmènent des boucles de piano de "Niagara Falls" aux pulsations de la basse ska new-wave de "Radio Orlando". Et devenir le groupe hype de 2009 ? On le leur souhaite.

Ah oui. Etant donné que la pochette a joué en faveur du disque, je mentionnerai que l'artwork est signé Jules de Balincourt, dont l'espace multi-artistique Starr Space, à Brooklyn, accueillera Harlem Shake le 24 avril.

Liens:
- le website d'Harlem Shakes
- le myspace d'Harlem Shakes

lundi 16 mars 2009

Fredo Viola - The Turn


Label : because music
Genre : electro, folk, pop
Date de sortie : 16 mars 2009







Ça y est, The Turn est enfin disponible en CD. Parce qu'on a beau dire, mais le format digital, c'est quand même pas pareil. Enfin, je trouve. D'autant que Fredo attache énormément d'importance au côté visuel, en témoignent ses clips, qu'il réalise lui-même avec brio. Quoiqu'il en soit, la sortie physique me donne surtout l'occasion d'en rajouter une petite couche sur Fredo Viola, découverte de l'année pour de nombreux magazines de musique français, les Inrocks en tête. Une toute petite couche, donc. Pour plus de détails, vous n'avez qu'à cliquer ici.

jeudi 12 février 2009

Telepathe - Dance Mother


Label
: Iamsound/V2-Cooperative Music
Genre : electro, rock, pop
Date de sortie : 26 janvier 2009
Production : David Sitek








Patrie du hip-hop, plaque tournante de l'afrobeat, carrefour du rock alternatif et de la folk urbaine, Brooklyn commence aussi à se spécialiser dans l'électro-rock teintée de tout ce que vous voulez, en témoignent Yeasayers ou Gang Gang Dance. Quelque part dans ce coin, entre primitivisme et technologie (au choix), il faudra dorénavant compter avec Telepathe (prononcer telepaTHY), formé de Busy Gangnes et Melissa Livaudais.

Le duo féminin a, comme de nombreux groupes adeptes du DIY à l'âge de la musique 2.0, creusé son trou sur Internet, en créant un buzz avec leur single naïf et funky "Chromes On It" qui, bien qu'efficace, n'est pas vraiment le sommet du subséquent album, Dance Mother, heureusement.

A l'instar de leurs voisins de GGD (mais en sacrement plus accessible), les deux gamines (on dit ça, on n'en sait rien, on se base sur leur look fluo-kid) mêlent à leur electro-pop des touches de musique world (rythmes et chants aux sonorités ethniques, comme dans "Lights Go Down", qui réussit le tour de force de conjurer en même temps les nappes synthétiques glacées de Goldfrapp) ou de hip-hop destructuré. On passe de l'electro vigoureuse et réjouissante de "So Fine" à l'émotion étrange de "In Your Line" en un battement de coeur et sans se sentir désorienté. C'est qu'à la prod opère un petit génie : le TV On The Radio David Sitek, qui rate rarement son coup (exception qui confirme la règle: Scarlett Johansson).

D'un coup de baguette magique, Sitek a harmonisé le tout, transformant les blips synthétiques en pop à l'état pure (enfin pop avant-gardiste, qu'on soit bien d'accord), conservant juste assez de dissonances pour éviter de tomber dans le sirupeux. Il reste cependant quelques ratés, comme le martial et dramatique "Trilogy", qui semble s'égarer légèrement entre violons enjoués et basse dubstep (et 7 min, c'est long, ceux qui ont tenté le speed dating vous le confirmeront).

Sans compter qu'il y a aussi pas mal de hype derrière tout ça : les deux Brooklinites (maintenant que je connais le nom qui désigne les habitants de Brooklyn, je risque d'en abuser) partagent le label de Little Boots et le merchandising designer de Simian Mobile Disco. Mais ça n'empêche, Gangnes et Livaudais sont certainement capable du meilleur, et si tout va bien, ce dernier devrait pointer son nez dès leur prochain album. Je ne sais pas si leur coup d'essai a fait danser leurs mamans, mais je suis prête à parier que ça fonctionnera avec vous.

Lire la chronique de Gang Gang Dance

mardi 27 janvier 2009

DJ /Rupture - Uproot

Label : The Agriculture/Differ-ant
Genre : electro, dubstep
Date de sortie US : 7 octobre 2008










A l'instar d'autres spécialistes du mash-up, Girl Talk et Diplo en tête, Jace Clayton, a.k.a DJ /Rupture, est passé maître dans l'art d'enchaîner les fusions les plus improbables. Mais en mieux. Ou plutôt, en plus progressiste et sans chercher à faire preuve d'élitisme. Et après 7 ans d'exil en Espagne, il était temps que le New-Yorkais retrouve ses racines à Brooklyn.

Sans quoi je n'aurais pas pu chroniquer sa dernière mixtape en date, Uproot, et ça, ça aurait vraiment été dommage.

Pourquoi ? Parce qu'après avoir démontré son talent à faire danser avec Gold Teeth Thief ou Minesweeper Suite, Rupture nous offre un mix sensuel, plongé dans le limbes de l'ambient, et (relativement) léché. C'est vrai ça, vous en connaissez beaucoup, vous, des DJ qui mettent des quatuors à cordes dans leurs mix ?

Alors reste que Rupture n'a pas choisi son nom de scène impunément. Même si c'est sans doute son mix le plus facilement accessible aux non-initiés, ça ne va pas se faire tout seul. Uproot gagne à être écouté plusieurs fois. Aussi langoureux soit-il, le mélange de dubstep made in UK, d'abstract berlinoise, de dancehall à la sauce Brooklyn, de folk nigérienne ou de hip hop marocain, le tout pimenté de touches brésiliennes (Maga Bo) ou finlandaises (Clouds) ne s'appréhende pas si facilement. Mais, malgré (ou plutôt grâce) les accidents rythmiques, celui qui entreprendra cette quête sera pleinement récompensé.

Au coeur d'un magma brûlant de "bass music" sur lequel on dansera forcément, la chaleur du piano de "Winter Buds" d'Atki2, les cordes éthérées des Australiens de Dead Leaf ("Save From the Flames All That Yest Remains") sont de magnifiques instants de douceur et de beauté pures. A mi-chemin dans le mix, l'interlude de la contrebassiste (et collaboratrice de Clayton) Jenny Jones vient ressusciter en une parenthèse presque trip-hop (est-ce Massive Attack, est-ce Unkle ?) l'ode à John Cassavetes orchestrée par Ekkehard Ehlers.

Uproot arrive avec ses Ingredients, à l'état brut. Le second disque permet d'apprécier la créativité de Clayton à sa juste mesure, à tel point qu'il peut sembler étrange d'écouter les morceaux non mixés après les avoir appréciés sur Uproot.

Ajoutons, parce que si ça n'a pas grand chose à voir avec l'album Uproot, ça a quand même à voir avec l'objet de ce blog, que son amie Elizabeth Alexander, grande poétesse américaine, qui avait participé à l'opus Special Gunpowder, a récité ses oeuvres à la récente investiture d'Obama.

Et pour ceux qui voudraient approfondir l'expérience, le mieux est encore de découvrir le DJ dans son élément : le mix live. Eh oui, armé de ses 3 platines (enfin, j'espère) DJ /Rupture enflammera le Café des Sports jeudi 29 janvier, à partir de 20h (voir la page Facebook de l'event). Et dans ses valises, Clayton a prévu d'emmener le Brésilien Maga Bo et l'Ivoirien CIAfrica. A ne pas manquer.

Le Blog de DJ /Rupture
Le MySpace de DJ /Rupture

lundi 19 janvier 2009

Antony & The Johnsons - The Crying Light

Il est des voix rares. Des voix qui transportent une foule d'émotions dans un seul vibrato. Celle d'Antony Hegarty en fait partie. A l'instar de ses héros Klaus Nomi, Boy George et Nina Simone, le New-Yorkais d'adoption, révélé à la face du monde en 2005 avec son album Mercury awardisé, I Am A Bird Now, a le trémolo passionné et douloureux, que d'aucuns interprètent comme de la prétention ou de l'affectation. Love it or leave it. Reste que beaucoup attendaient la suite avec impatience.

Antony avait annoncé la couleur en octobre dernier, avec le sublime EP Another World, teaser magnifique de l'opus The Crying Light qui sort demain.

Loin de l'introspection sur l'ambivalence sexuelle de I Am A Bird Now, The Crying Light est un superbe moment de philosophie et de poésie, une ode à une planète en détresse, un adieu déchirant mais résigné ("I need another world, this one's nearly gone" - "Another World"). Ecrites pendant les 7 dernières années, chaque chanson exprime toute la vulnérabilité d'Antony et de notre monde, déchiré par les guerres et écologiquement menacé.

Alors l'ambiance y est forcément sombre et triste à souhait. Mais, tout comme le co-fondateur du butoh, Kazuo Ohno, à qui est dédicacé l'opus et dont la photo illustre la pochette, tout est question d'élegance. Antony a renoué avec ses Johnsons, et dès l'ouverture sur l'élégiaque "Her Eyes Are Underneath The Ground", les arrangements de piano et de cordes éthérées (Nico Muhly n'est pas le protégé de Philip Glass pour rien) épousent à merveille la ferveur du chanteur. N'étant ni chanteur d'opéra, ni chanteur de jazz, Antony voit forcément sa musique classée en "pop". Mais sa musique est bien plus proche de la musique classique et symphonique, malgré l'apparition des guitares de Steve Cropper, que l'on découvre avec émerveillement sur "Aeon" (il faut croire qu'il a au moins momentanément surmonté son aversion). La chanson, aux accents glam bowiesques, a de plus le mérite, comme sa participation au projet disco dance Hercules and Love Affair, de mettre la voix d'Antony là où on ne l'attend pas.

D'autre part, malgré quelques envolées romantiques ("Daylight and the Sun" est un véritable monument de dramatisme), Antony a choisi la voix de la sobriété ("Dust and Water" est même carrément minimaliste), et fait, toutes proportions gardées, preuve de pas mal d'optimisme. Car, aussi fragile que soit le monde d'Antony, il y vit des danseurs nommés Epilepsy. Les accents bucoliques d'"Everglade", que John Barry n'aurait pas désavouée, transforment finalement ce chant du cygne en formidable cri d'espoir.

Antony's MySpace
Antony's Website
Antony's Page on Secretly Canadian


Genre : rock indé, pop, soul
Label : Rough Trade
Date de sortie : 20 janvier 2008

mardi 13 janvier 2009

Fires Of Rome - You Kingdom You


Le voilà. You Kingdom You, premier opus de la formation new-yorkaise Fires Of Rome, qu'on avait découvert en novembre dernier, à l'occasion de la sortie de l'alléchant EP Set In Stone, porté par de prestigieux remixes (M83, Dada Life, Don Rimini, etc.). Alors groupe hype ou plus que ça ?


Par bonheur, l'album ne vient en rien démentir ce que laissait présager le single. Fires of Rome ne fait pas dans la dentelle.

You Kingdom You est à l'image de la ville qui a vu naître le groupe : puissant, urbain et décadent. En 10 titres, qui ne s'attardent guère au-delà des 3 minutes, l'opus dégage un sentiment d'urgence grisant. Andrew Wyatt, Gunnar Olsen, Matthew Kranz et Oscar Rodrigues (le bassiste survolté qui n'apparaît d'ailleurs pas sur la photo du groupe) confrontent et mêlent allègremment prog rock, new wave, glam rock, basse funky, post punk et Dieu sait quoi d'autre en un kaléidoscope flamboyant, mais millimétré. Car l'urgence n'empêche pas une certaine sophistication. La production est léchée, les arrangements élégants. Nos gaillards ont de la bouteille.

Andrew Wyatt, surtout, parfait dans son rôle d'artiste torturé et quelque peu perché, et ce, dès l'ouverture de l'album avec Dawn Lament. L'ombre de T-Rex et de Bowie plane. Amoureux blessé, Wyatt ? Dandy trash assumé en tout cas, quand il déclare "I was disgustingly average as a child, but you can get us through the ropes with your vagina" (Set In Stone) ou répète à l'envie "Don't fuck with me when I'm sober" (Bronx Bombardier). Nous voilà prévenus.

Pour résumer, Fires Of Rome mérite l'attention qu'on leur porte. Le Grand Incendie de Rome avait duré 6 jours et 6 nuits. Tout laisse à penser que cette fois, l'incendie ne s'arrêtera pas. Et puis la hype fera le reste.

Pour en savoir plus et visionner l'interview vidéo d'Andrew Wyatt, cliquez ici. Pour leur myspace, c'est par ici, et pour leur facebook, c'est par .

Genre : rock, glam
Label : The:Hours
Date de sortie : 13 janvier 2009

lundi 12 janvier 2009

Gang Gang Dance vs. Crystal Stilts

Mieux vaut tard que jamais. Deux opus auraient largement pu trouver leur place dans les NYC Favorites 2008 : Saint Dymphna, de Gang Gang Dance, et Alight of Night, de Crystal Stilts. Je n'ai écouté le deuxième que récemment (en 2009, donc) et, si j'avais pu apprécier le premier dès l'automne dernier, sa provenance new-yorkaise m'avait jusque là échappée.

Je vais donc essayer de réparer ça comme je peux, en consacrant aux deux formations mes premières chroniques de l'année 2009.
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Gang Gang Dance - Saint Dymphna

Le dernier opus de GGD est sorti chez Warp, et c'est déjà en dire beaucoup. Originaire de Brooklyn, le quatuor a largement étendu sa palette sonique depuis le prometteur God's Money (2005). Étonnamment bien nommé (Saint Dymphna est, comme me l'apprend mon éternel ami Wikipedia, la sainte patronne des déséquilibrés, des malades mentales, des fugueurs, en gros des outsiders et des sujets tabous, ainsi que, curieusement, des familles heureuses, allez comprendre), l'opus est une véritable séance d'électrochocs.

Blips electro et ambient éthérée (l'inaugural Bebey annonce la couleur, Inners Pace ou Afoot viennent le confirmer : le tournant electronique a été pris), guitares brésiliennes, dub engourdi, ardeur orientale (Blue Nile) déflagrations punk (First Communion), beats ragga, grime azymuthé (le survolté Princes, featuring Tinchy Stryder dont le "Oh Shit! Gang Gang!" pourra dérouter un moment, avant que les pièces du puzzle s'assemblent), tout y passe, haché menu par nos new-yorkais qui nous ont concocté une recette toute personnelle et reconnaissable entre mille. Lizzi Bougatsos, Brian Degraw, Tim Dewit et Josh Diamond jettent un pont entre le primitivisme le plus farouche et l'avant-garde la plus bestiale. Aphex Twin et Cocteau Twins croisent My Bloody Valentine, Animal Collective et Can sur un dancefloor épileptique. Forcément indispensable.

Genre : rock indé, electro
Label : Warp
Date de sortie : 06 octobre 2008

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Crystal Stilts - Alight of Night

Né il y a 5 ans, également à Brooklyn (décidément véritable vivier de musiciens talentueux) de la rencontre de Brad Hargett (au chant) et JB Townsend (guitare), le groupe s'est agrandi au fil des années avec l'arrivée de Kyle Forrester (clavier), d'Andy Adler (basse) et de la batteuse Frankie Rose, qui opérait précédemment au sein des Vivian Girls, formation voisine et soeur de label.

Les influences des deux groupes semblent d'ailleurs être voisines elles-aussi : le Velvet Underground n'est pas loin, les premiers Jesus & Mary Chain non plus, alors que certaines fantaisies musicales sixties penchent du côté des Doors. La nonchalance de Hargett au chant, à la limite de la morosité, l'ambiance sombre eighties à souhait n'est pas non plus sans rappeler Joy Division et, du coup, leurs compatriotes d'Interpol. Si la première écoute peut induire un léger sentiment dépressif, la suivante efface très vite cette impression. Le chant monotone et amer de Hargett épouse à merveille les boucles psychés de claviers et les riffs vénéneux des guitares. Sans aller jusqu'à sauter partout, on pourrait bien aller jusqu'à danser sur The SinKing ou sur le plus pop Prismatic Room. Trouble et entêtant : Alight of Night est donc sans contexte la bande son idéale de cet hiver glacial, et de ces temps de crise.

Genre : rock indé
Label : Slumberland
Date de sortie : 28 octobre 2008

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Crystal Stilts accompagneront les Anglais de The Chap et les Français d'Electric Electric le 10 février à Mains d'Oeuvres. Ils se produiront également ailleurs dans l'hexagone, vous pouvez consulter les dates et lieux sur leur myspace. Notons que les Vivian Girls (avec ou sans Frankie) se produiront au Point Ephémère 3 jours plus tard.

Quant à Gang Gang Dance, c'est également au Point Ephémère, le 20 février, que les Parisiens pourront les apprécier, à moins qu'ils ne se rendent le lendemain à St-Malo, où les New-Yorkais se produisent à la Route du Rock. Pour les autres dates, rendez-vous sur leur myspace.

vendredi 26 décembre 2008

Q-Tip - The Renaissance

Ça faisait un bail, non ? Près de 10 ans qu'on attendait que l'ancien leader de A Tribe Called Quest revienne.

Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Q-Tip aurait ainsi enregistré 3 albums, perdus dans les méandres du purgatoire des majors. Certains, Kamaal The Abstract (2003) ou Open / Live At The Renaissance, ont même réussi à aller jusqu'au statut de CD promo. Heureux les journalistes et autres acteurs de l'industrie musicale qui en ont été les destinataires, et merci à ceux qui, faisant fi de la loi sur la propriété intellectuelle, les ont partagé sur Internet...

Enfin bref. On ne va pas refaire l'histoire, alors réjouissons nous simplement de cette Renaissance. On avait laissé le rappeur/producteur avec un opus orienté dancefloor (Amplified, 1999), on avaitusé nos semelles à se trémousser sur "Breathe & Stop" ou "Vibrant Thing". La production lisse et pop de Jay Dee avait d'ailleurs essuyé quelques critiques de la part de certains, qui pleureraient sa mort 6 ans plus tard. A l'époque, Clinton était président et DMX était populaire. Oui, ça faisait un bail.

Q-Tip nous revient donc enfin, légèrement plus introspectif, plus porté sur le message, mais toujours enclin à faire danser. Ça groove sévère. Pour ceux qui avaient écouté Live at The Renaissance, quelques beats ne sont pas inconnus, mais le sentiment de plénitude est renouvelé.

La voix élastique et le flow de Kamaal n'ont pas changé, les beats sont aussi délicieux que dans nos souvenirs. Son goût pour les samples de la soul des années 70 non plus. La première partie de l'opus, du funky "Johnny is Dead" au doux-amer "You" s'enchaîne avec tellement de naturel qu'une écoute peu attentive raterait les transitions. C'est chaud et riche, ça nous plonge dans une atmosphère feutrée et ensoleillée à la fois.

"We Fight/We Love" vient faire sursauter cette unité, avec la contribution toujours soulful de Raphael Saadiq. On y retrouve Tip le conteur, qui d'une histoire anecdotique (celle d'un jeune homme qui s'interroge : doit-il s'engager dans l'armée ?) se fait observateur de la société. Deux titres plus tard, "Move" donne la bénédiction posthume de Jay Dee à l'opus. Le son est plus acéré, Tip rue dans les brancards de l'industrie sur un "Dancing Machine" des Jackson 5 assaisonné à la sauce Moog parsemée de breaks funky. Tout aussi efficace est le titre "Believe", featuring D'Angelo. "Shaka" vient clore l'opus sur un air de déjà-vu... Ou plutôt, de déjà-entendu. C'est qu'une version antérieure samplant Obama avait attiré l'attention, avant la sortie de The Renaissance, le jour même des élections. Une soundtrack parfaite pour un jour historique.

Rappelant à la fois Midnight-Marauder et The Love Movement, The Renaissance consacre le retour de Q-Tip. Le tout pourrait entrer sur une K7 de 90 minutes. Good old days... Sauf qu'on est bien content d'avoir simplement à cliquer sur la touche "replay".

Genre : hip hop, neo soul
Label : Universal/Motown
Date de sortie : 4 novembre 2008
Production : Q-Tip, Jay Dee