vendredi 19 décembre 2008

Interview FREDO VIOLA



La musique de Fredo Viola est tout ce qu'il y a de plus inclassable. Par défaut, son album The Turn, sorti chez Because (sortie physique en février 2009), atterrira sans doute au rayon "indé" de votre disquaire préféré. Mais il pourrait tout aussi bien trouver sa place dans les bacs pop, électro ou chants religieux et/ou polyphoniques. Chez iTunes, on le trouve d'ores et déjà en "alternative". Fredo, lui, qualifie sa musique de "fantaisie", et, à vrai dire, le terme convient à merveille.

Viola aime les voix, a toujours aimé ça, malgré son expérience visiblement traumatisante dans une chorale de garçons dans sa prime jeunesse. "Je ne compte pas en parler, plaisante-t-il. Mais le souvenir que j'en ai gardé a clairement retardé mon retour à la chanson !". Reste que l'influence est prégnante, le garçon est une chorale à lui tout seul. Au rayon des influences, on trouve également un éventail hétéroclite d'artistes (Depeche Mode, Shostakovich, Bartok, Leon Redbone, Belle and Sebastian ou Kate Bush, dont la créativité et la liberté l'ont toujours impressionné) et de musiques (gospel, classique, jazz brésilien, pop légère, bluegrass et country, spécialement celle des années 70).

Au final, difficile de dire ce qu'il reste de tout ça dans la musique de Fredo Viola. Voix éthérées sur fond de blips électro qui raviront les nostalgiques d'Atari, parfois agrémentés de cordes, de percussions sèches ou de piano, The Turn place l'auditeur sur une corde raide. Il partage avec Sigur Ros ou Cocteau Twin le goût pour les voix abstraites (ou, si vous préférez, le charabia), de peur de détourner l'attention de la musique avec des paroles.

Les mélopées abstraites de "The Sad Song" ou de "Puss" font place à la ballade pop ensoleillée "Red State", où les Beatles rencontrent les Beach Boys, ou à la comptine electro-folk "Friendship is...", sur laquelle la chanteuse Nancy Mitchell vient unir sa voix à celle de Fredo.

Et s'il ne l'a pas rencontrée directement sur Internet, d'autres de ses amis virtuels, rencontrés via le site de musique et de partage em411, font des apparitions sur l'opus : le violoncelliste et compositeur new-yorkais cosmod apparaît ainsi sur "Robinson Crusoe", et deltasleep, de Nashville, joue de la batterie et du clavier sur "Puss". De peur d'oublier d'autres compagnons virtuels, Fredo les cite les uns après les autres : jdg, Nils Christian Fossdal avec qui il a enregistré une sublime version de "Silent Night", lowlifi, bluermutt, astroid... autant de musiciens avec qui il a collaboré.

Nous rajouterons Massive Attack. Eh oui. Viola n'en parle pas nécessairement spontanément, mais les monstres sacrés du trip-hop, impressionné par sa petite vidéo de "The Sad Song" l'ont contacté et fait venir dans leur studio pour travailler avec lui. Enfin, "avec lui" est un bien grand mot. "C'est juste l'expérience la plus géniale et la plus terrifiante de ma vie, se souvient Fredo. Il m'était juste impossible de chanter devant eux. Ils ont tout installé et sont sortis du studio, me laissant y chanter à tue-tête pendant 1/2 heure. Au final, je leur ai fourni une chanson. Je ne sais pas si ça va donner quoique ce soit, nos styles musicaux sont si différents. Mais je garde espoir !"

Artiste complet, Viola ambitionne de fondre son et image dans une unité parfaite, et réalise de petites vidéos très originales qu'on peut retrouver sur son nouveau site Internet, tout juste couronné du FWA (Favorite Website Award) of the day. Souhaitant aller jusqu'au bout de son idée, l'équipe qui a réalisé son site planche aujourd'hui sur le développement d'un programme qui lui permettrait de réaliser en live, lors de ses concerts, ce mariage de la musique et de l'image, le tout dans une optique d'improvisation, notion qui lui est particulièrement chère. Alors, ce n'est pas encore gagné, mais Fredo est optimiste, d'autant que "ce qui est intéressant, avec la technique, c'est qu'elle intègre les erreurs. Si je marche en filmant, et que je trébuche, ça crée un schéma qui se répète d'un cadre à l'autre, et, au final, c'est plutôt pas mal ! Ça crée un rythme."

Visionnaire et la tête pleine d'idées, Viola a récemment rêvé d'un site Internet dans lequel on pourrait concrètement marcher. La musique dans la chambre, des vidéos dans le salon, des gens, des instruments... Irréalisable ? Ses amis barcelonais d'Aer studio ont du pain sur la planche !

L'interview s'est achevée sur l'écoute de nouveaux morceaux et tout ce que je peux vous dire, c'est que j'attends avec impatience son prochain album !


Retrouvez Fredo sur
- myspace
- facebook
- fredoviola.com
- theturn.tv

Et pour voter pour son site theturn.tv pour le "people choice award", c'est par que ça se passe.

3 commentaires:

  1. Bonjour,
    Bel article sur Fredo qui mérite vraiment.
    Mon (plus modeste) article à cette adresse:
    http://www.desoreillesdansbabylone.com/2009/02/fredo-viola-turn-2009.html
    A bientôt,
    Ju

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  2. Bravo Trés bonne musique avec de belles sonorités,

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  3. On ne se lasse pas d'écouter et réécouter cet entretien tout en s'imprégnant de cette musique aux sonorités particulières. Bravo aussi pour la présentation de la pochette du CD

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