jeudi 27 août 2009

Martha's Vineyard vs. Veckatimest / Grizzly Bear - Veckatimest

label: Warp
genre: indie folk, lo-fi
date de sortie: 25 mai 2009









Si le Président américain fait indirectement beaucoup de pub à Martha's Vineyard, qui ne semble guère en avoir besoin, une autre île de la région s'est elle aussi retrouvée, il y a quelques mois, sous les feux des projecteurs. Sa situation géographique restera son seul point commun avec Martha's Vineyard, puisque Veckatimest est complètement déserte et tient plus du bout de terre rocailleux affleurant au milieu de l'océan que de la destination de villégiature pour gens très aisés au pedigree impeccable.

Car oui, le dernier opus des New-Yorkais Grizzly Bear (sorti au mois de mai, soit, mais à l'époque j'étais bien trop occupée à profiter de mes derniers instants dans la Big Apple pour le chroniquer, donc merci Obama d'avoir remis le Massachussets dans l'oeil des projecteur) tient son nom d'un petit îlot au large des côtes du Massachussets, et d'aucuns voudront voir dans l'atmosphère mystérieuse de l'opus le reflet de cette inspiration. Quoiqu'il en soit, Veckatimest est simplement phénoménal, magnifique.



Alors ça fait un moment que Ed Droste et ses amis tiennent en haleine le petit monde de la musique. Si je n'avais pas connu Grizzly Bear avant d'arriver à New York en octobre dernier, j'aurais eu vite fait de faire leur connaissance puisque le quartet local était déjà sur toutes les lèvres, d'Andrew Wyatt (Fires of Rome, et aujourd'hui, Miike Snow - merci M. pour la prise de conscience) à Jay Hammond (Trippers and Askers). Et si Grizzly Bear se faisait attendre depuis l'ep Friends, ses membres n'avaient pas disparu pour autant : Daniel Rossen, moitié de Department of Eagles, nous avait offert une superbe galette l'an dernier, Chris Taylor s'est illustré à la production stellaire du dernier Dirty Projectors (et signe celle de Veckatimest), et le groupe lui-même avait tourné intensément, collaborant notamment avec Nico Mulhy (qu'on retrouve aux cordes sur Veckatimest) et l'orchestre philarmonique de Brooklyn. L'opus était donc attendu avec impatience, et ne fait que confirmer le bien fondé de l'engouement pour les Brooklynites.

Si Horn of Plenty avait été conçu en solo par Droste (chant, guitare, claviers), Veckatimest est le résultat d'une intense collaboration de ce dernier avec ses compères. Le groupe a poursuivi et approfondi ses expérimentations, et chaque chanson de ce nouvel album tend vers des espaces plus grands, plus pleins, tant au niveau du spectre sonique qu'au niveau de la composition. Nos quatre garçons dans le vent semblent n'avoir plus qu'un seul et même esprit, fonctionnant à l'unisson.


Le single "Two Weeks" est juste une merveille de pop à l'état pur, qui démontre magistralement l'attention que Grizzly Bear porte aux détails, même les plus infimes. Rien n'est laissé au hasard, des vocalises tranquilles de Droste aux harmonies de Taylor, des accents doo-wop à la ligne de basse enlevée. Et alors que la voix de Victoria Legrand, moitié féminine de Beach House, vient se poser sur le refrain, on a la sensation d'avoir atteint la perfection. Les brooklynites sont des maîtres es arragements, et Veckatimest n'échappe pas à la règle. Les claviers semblent en détresse, les choeurs désincarnés, et les cordes de Muhly, lointaines. Cependant, qu'on l'écoute le nez au vent, face à l'océan, ou le nez dans l'aisselle de son voisin, dans un bus bondé, l'opus conjure un coin de nature, comme une échappatoire pour celui qui l'écoute, des plages glacées d'Islande (Bjork et Efterklang - Danois, certes - ne sont pas loin sur des titres comme "I Live With You" ou "Foreground") aux sentiers de Park Slope (Animal Collective, maybe ?). Qu'il s'agisse de l'éthéré "Two Weeks", du spectral "Dory" ou du lanscinant "I Live With You", les choeurs enfantins, les arrangements somptueux, les fréquents changements de texture et les détours mélodiques sont à chaque fois une manière de pénétrer l'oreille de l'auditeur pour y rester. Il fallait bien quatre passionnés pour mettre autant de sueur dans leur musique et qu'il en ressorte un opus aussi léger et naturel.

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