vendredi 30 janvier 2009

Sid m'a tuer (mais je peux me tromper)

Voyez, quand je vous disais qu'on n'était pas sûr que ce soit Sid Vicious !

Le 12 octobre 1978, Nancy Spungen, ex-prostituée et full-time heroin addict, principalement connue pour être la copine du bassiste des Sex Pistol, Sid Vicious, était retrouvée morte dans une salle de bain du Chelsea Hotel, poignardée à plusieurs reprises. Sid était là, mais l'abus de substances illicites avait apparemment affecté quelques cellules importantes pour la mémoire.

Du coup, moins de 24h plus tard, les tabloïds le déclaraient coupable. Il paraît que certains policiers n'étaient pas convaincus, mais quoiqu'il en soit, vu que Sid a lui-même succombé à une overdose dans un appartement de Greenwich Village moins de 6 mois plus tard (et figurez vous que là aussi, on ne sait pas trop : accident, suicide ?), bah le dossier a été enterré.

Mais Sid n'avait que 21 ans, et il avait une maman (qui s'est elle-même suicidée en 1996), et à la demande de cette dernière l'expert du mouvement punk Alan G. Parker a consacré sa vie a découvrir la vérité (enfin c'est comme ça que les producteurs du documentaire "Who Killed Nancy", qui doit sortir en février, vendent l'affaire).

Parker a ré-interviewé 182 personnes, ré-examiné les indices et preuves collectées par le police de New York et replongé dans ses propres entretiens avec la maman de Sid Vicious. Et le résultat, c'est ce documentaire. Sans gâcher la surprise, je peux déjà vous dire que la réponse à la question posée par le titre est : pas Sid Vicious. Nancy Spungen, c'est un peu la Marylin Monroe du punk.

mercredi 28 janvier 2009

"No Road Trip F***ers !!!"

Quand je m'enregistre sur un site, souvent, j'utilise une adresse mail spéciale, qui sert qu'à ça. Évidemment, je ne consulte quasiment jamais cette boîte, sauf si j'ai besoin de retourner sur ce site et que j'ai oublié mes identifiants, chose qui bizarrement ne m'arrive pas si souvent parce que j'ai une méthode spéciale pour avoir à chaque fois un mot de passe différent et ne jamais l'oublier. Mais bon, parfois ma méthode ne marche pas et hop, un petit tour sur ma boîte spéciale et je retrouve tout ça. Et d'autres trucs.

Hier, je suis allée y faire un tour et oh, surprise, au milieu de moults messages sans intérêt même pas passés en spam, je trouve ça :

"Hi
Its me,

And I got all your money!!!! NOBAMAROADTRIP!!!!!!!!
I'm gonna spend it and have spent this money the way I wanted. Check it out---- I spent it and it ain't shit you can do about it especially now that you all are mailing in payments!!! Whooppeeee for meee!!!! YES!!!!

Send it on I need more money than ever before! Look at my bank account suckers!!!!!!! YOu fuckers outta know betta but you didn't!! hahahahahaaaa!!!!! look how i spend your hard earned money!!!!
so long. send me more because i'm running out as you can tell."

Suit une longue, longue, très longue (et édifiante) liste de dépenses. Au hasard, un petit extrait :

> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - ALL ISLAND CAFE IN DECATUR GA $19.47- $8,665.70
> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - WAL-MART TUCKER GA $18.78- $8,685.17

> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - BLOCKBUSTER VIDEO TURCKER GA $10.82- $8,703.95

> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - BLOCKBUSTER VIDEO TURCKER GA $10.68- $8,714.77
> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - WAL-MART TUCKER GA $10.67- $8,725.45
> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - BURGER KING #2377 STONE MOUNTAIGA $5.23- $8,736.12

> 12/08/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - APL*ITUNES 866-712-7753 CA $0.99- $8,741.35
> 12/05/2008 POS Debit - Visa Check Card 9678 - TARGET 0002 ATLANTA GA $65.83- $8,742.34

Hmm, quel grand fou ! L'auteur du message semble avoir une vie trépidante (en témoignent les locations de vidéos chez Blockbuster et sa tournée des Walmarts) et apprécier la haute gastronomie (j'ai arrêté de compter ses fabuleux repas au McDo, Burger King et autres Hooters).

L'expéditeur du message semble être le site Obama Inauguration 2009, lancé par Horace MacKey pour organiser des road trips jusqu'à Washington (le site lui même obamainauguration.com et son cousin obamaroadtrip.com n'existent plus). Et parmi les milliers de destinataires du mail (copie cachée ? c'est quoi ça copie cachée) on trouve Horace. Bon alors, c'est quoi cette histoire ? Horace a arnaqué tous ces gens ou quoi ?

Il semblerait que non. En cherchant un peu, on trouve un article du Washington Post qui annonce que le site de MacKey a été hacké comme il se doit (en cherchant encore plus, on trouve qu'une bande de hackers républicains serait derrière tout ça... sont marrants les ricains quand même).

Bon, après on trouve aussi une foule de mécontents qui postent sur des blogs et qui rouspètent après MacKey. Du coup, si la théorie du prank semble être fondée, on se pose quand même des questions. Alors j'ai envoyé un mail à tous ces gens qui, comme moi, se sont fait traiter de f***er par des geeks républicains (et ça a pas été facile, Hotmail a l'air de me prendre pour une spameuse), et puis j'ai aussi envoyé un mail à Horace. So far, aucune réponse.

mardi 27 janvier 2009

Kim Garrison in Paris


Fans parisiens de Kim Garrison, à vos agendas !


De passage dans notre capitale pour présenter son opus You Are Loved, la Californienne expatriée à New York vous offre deux possibilités de venir la voir et l'écouter, et, le temps d'un concert, de se croire dans un club de la grosse pomme. Perso, j'y serai !

Le dimanche 15 février, elle jouera dès 19h au Café Charbon, rue Oberkampf.

Le lundi 16 février, c'est au Pop In, rue Amelot, que ça se passe, à partir de 21h (CD Release Party).

DJ /Rupture - Uproot

Label : The Agriculture/Differ-ant
Genre : electro, dubstep
Date de sortie US : 7 octobre 2008










A l'instar d'autres spécialistes du mash-up, Girl Talk et Diplo en tête, Jace Clayton, a.k.a DJ /Rupture, est passé maître dans l'art d'enchaîner les fusions les plus improbables. Mais en mieux. Ou plutôt, en plus progressiste et sans chercher à faire preuve d'élitisme. Et après 7 ans d'exil en Espagne, il était temps que le New-Yorkais retrouve ses racines à Brooklyn.

Sans quoi je n'aurais pas pu chroniquer sa dernière mixtape en date, Uproot, et ça, ça aurait vraiment été dommage.

Pourquoi ? Parce qu'après avoir démontré son talent à faire danser avec Gold Teeth Thief ou Minesweeper Suite, Rupture nous offre un mix sensuel, plongé dans le limbes de l'ambient, et (relativement) léché. C'est vrai ça, vous en connaissez beaucoup, vous, des DJ qui mettent des quatuors à cordes dans leurs mix ?

Alors reste que Rupture n'a pas choisi son nom de scène impunément. Même si c'est sans doute son mix le plus facilement accessible aux non-initiés, ça ne va pas se faire tout seul. Uproot gagne à être écouté plusieurs fois. Aussi langoureux soit-il, le mélange de dubstep made in UK, d'abstract berlinoise, de dancehall à la sauce Brooklyn, de folk nigérienne ou de hip hop marocain, le tout pimenté de touches brésiliennes (Maga Bo) ou finlandaises (Clouds) ne s'appréhende pas si facilement. Mais, malgré (ou plutôt grâce) les accidents rythmiques, celui qui entreprendra cette quête sera pleinement récompensé.

Au coeur d'un magma brûlant de "bass music" sur lequel on dansera forcément, la chaleur du piano de "Winter Buds" d'Atki2, les cordes éthérées des Australiens de Dead Leaf ("Save From the Flames All That Yest Remains") sont de magnifiques instants de douceur et de beauté pures. A mi-chemin dans le mix, l'interlude de la contrebassiste (et collaboratrice de Clayton) Jenny Jones vient ressusciter en une parenthèse presque trip-hop (est-ce Massive Attack, est-ce Unkle ?) l'ode à John Cassavetes orchestrée par Ekkehard Ehlers.

Uproot arrive avec ses Ingredients, à l'état brut. Le second disque permet d'apprécier la créativité de Clayton à sa juste mesure, à tel point qu'il peut sembler étrange d'écouter les morceaux non mixés après les avoir appréciés sur Uproot.

Ajoutons, parce que si ça n'a pas grand chose à voir avec l'album Uproot, ça a quand même à voir avec l'objet de ce blog, que son amie Elizabeth Alexander, grande poétesse américaine, qui avait participé à l'opus Special Gunpowder, a récité ses oeuvres à la récente investiture d'Obama.

Et pour ceux qui voudraient approfondir l'expérience, le mieux est encore de découvrir le DJ dans son élément : le mix live. Eh oui, armé de ses 3 platines (enfin, j'espère) DJ /Rupture enflammera le Café des Sports jeudi 29 janvier, à partir de 20h (voir la page Facebook de l'event). Et dans ses valises, Clayton a prévu d'emmener le Brésilien Maga Bo et l'Ivoirien CIAfrica. A ne pas manquer.

Le Blog de DJ /Rupture
Le MySpace de DJ /Rupture

lundi 26 janvier 2009

Bon, et maintenant ?




Voilà, c'est fait. Barack Obama a prêté serment, l'investiture a eu lieu, l'Amérique a dansé toute la nuit, la fête est finie.



Pendant que les Etats-Unis avaient les yeux rivés sur leurs petits écrans, les marchés financiers dérapaient. Le Dow Jones a plongé, affectant largement le cours des actions des plus grandes institutions financières. Coïncidence ou contre-effet de l'investiture ?

Et au lendemain du jour J, les unes de la presse américaines étaient étonnament diverses. Les espoirs placés dans le nouveau président sont énormes, Obama a du pain sur la planche, notamment au niveau économique.

Il s'est d'ailleurs rapidement mis au travail : sa première action a été de geler les salaires de ses conseillers les mieux payés (ceux qui gagnent plus de 100 000 dollars par an, autant dire qu'ils ne devraient pas trop en souffrir), dont font partie le porte-parole du gouvernement, le chef de cabinet de la Maison Blanche et le conseiller de la sécurité nationale.
Et parce qu'on attend beaucoup du gouvernement Obama, on risque de baucoup en entendre parler prochainement. Alors autant se familiariser avec ses membres grâce au Who's Who du gouvernement.

Le président a également interdit aux lobbyistes de faire le moindre cadeau aux membres de son gouvernement. Enfin, le gouvernement n’a pas attendu pour sortir du four Guantanamo, sujet brûlant s’il en est est. Un projet de loi, dont la presse américaine a pu se fournir une copie, prévoit de fermer la prison de Cuba d’ici un an et de régler le cas de tous les prisonniers d’ici là. Une telle mesure permettrait au gouvernement de « faire avancer la sécurite nationale et la politique étrangère des Etats-Unis dans un esprit de justice », mentionne le document, qui n’attend plus que la signature du président. (source : Blog de Laurence Haïm)

Trois jours après l'investiture, le président Obama bénéficie de 68% d'opinions favorables (sondage Gallup). C'est 4 points de moins que Kennedy, mais 10 de plus que Clinton. C'est surtout beacoup moins que les 83% d'avant l'investiture. D'ailleurs, il paraît que les T-shirts sont en soldes au Barack Obama Store à Washington.

dimanche 25 janvier 2009

Interview EASY MO BEE - Part 1

Entretien avec Easy Mo Bee, légendaire producteur de hip hop, dans son studio, à Times Square (l'interview ayant duré plus d'1h30, en voici uniquement la 1ère partie, consacrée à la musique).




Legendary hip hop producer. Oui mesdames, oui messieurs. Legend... (wait for it)... dary. Et pourtant étonnamment méconnu. C'est vrai ça, tout le monde a entendu parler de Timbaland, des Neptunes, de Sean "Puffy" Combs (avec qui il devait travailler au sein de Bad Boy Records), de Dr. Dre, de Kanye West, voire de feu J Dilla (encore que ce dernier n'ait pas la moitié de la notoriété qu'il mérite). Plus rares sont ceux qui connaissent Easy Mo Bee.

Pourtant, il a travaillé avec les plus grands, de Notorious B.I.G (dont il a notamment produit les premiers tubes) à Tupac (il est d'ailleurs l'un des seuls à avoir travaillé avec les deux en même temps, avant la guéguerre côte est/côte ouest), en passant par Craig Mack, Busta Rhymes, Lil'Kim, ou Miles Davis, dont il a produit le dernier album, Doo-Bop (1992), qui devait remporter un Grammy l'année suivante. Depuis la fin des années 90, le producteur n'est plus aussi sollicité. Il a malgré tout travaillé sur le deuxième opus d'Alicia Keys, The Diary of Alicia Keys (2003), et retrouvé ses potes du Wu-Tang en produisant "Take It Back", le premier single de 8 Diagrams, sorti en 2007.

Pour la petite histoire, Easy m'a reçue dans son studio, anciennement Unique Studio, à Times Square, qui a justement vu passer la plupart des artistes cités ci-dessus. Miles Davis lui-même à joué de la trompette à 2 ou 3 mètres de mon fauteuil, et BIG et 2Pac ont collaboré pas très loin non plus...

Mais apparemment, ce n'est pas aujourd'hui que Mo Bee aura la reconnaissance qu'il mérite. En effet, alors qu'il avait tout naturellement travaillé sur la BO du biopic hollywoodien "Notorious B.I.G.", il en a finalement été évincé au dernier moment. (Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez lire l'interview que Mo Bee a accordée à XXLMag)

Le film, qui est sorti il y a quelques jours aux Etats-Unis, est prévu chez nous pour juin 2009. Le rôle principal est interprété par le dealer reconverti en rappeur James Woolard, et le fils de Christopher "Notorious B.I.G." Wallace y fait une apparition dans le rôle de son père jeune.


Easy Mo Bee Website
Easy Mo Bee MySpace
Easy Mo Bee sur Wikipedia

mercredi 21 janvier 2009

Inauguration d'Obama

Pour ceux qui ont raté l'événement en direct et ont aussi raté les multiples rediffusions, voici les moments clé.

A midi (18h, heure française) le nouveau président Barack Obama prête serment :



Pour le discours (non sous-titré) c'est ici.



Puis la fête a commencé.

Bruce Springsteen a chanté.


Beyoncé a chanté.


U2 a chanté.


Il y en a eu beaucoup d'autres, mais moi, je n'ai trouvé que ces trois vidéos (bon, j'ai pas cherché longtemps non plus, j'avoue).

Puis il y a eu la tournée des bals, ouverte par le nouveau président et son épouse, en robe Jason Wu, jeune créateur New-Yorkais (ça, c'était la parenthèse mode). Oui, c'est encore Beyoncé qui chante.


Bref, une journée bien remplie.

mardi 20 janvier 2009

Obama for President !

Non, je ne suis pas à Washington. Hillary était visiblement trop occupée, et elle ne m'a pas envoyé de billet (elle ne m'a d'ailleurs même pas répondu, en fait).


Mais, à l'occasion de l'investiture de Barack Obama, un retour en images, et en musique, sur la nuit des élections s'impose. Ou plutôt, vu qu'il m'aura fallu une éternité pour m'occuper du montage de la vidéo réalisée cette nuit-là, le jour de l'inauguration me semble être le meilleur moment (le seul, pour être honnête) pour finalement la poster.



Yes, We Did !



Et, pour suivre ce grand moment, les solutions ne manquent pas, le gouvernement Obama promettant d'être à la pointe de la cyber-communication. Entre son blog MySpace, sa page Facebook, le site de l'équipe de transition et l'inévitable blog associé, il y a l'embarras du choix.

Personnellement, je regarderai ça sur le site français Web Of Obama, qui risque de devenir une de mes principales sources d'information sur le nouveau président des Etats-Unis. J'y ai ainsi appris que le portrait officiel de Barack Obama (ci-dessus) a été pris par le photographe Pete Souzaavec un appareil photo numérique, grande première pour les locataires de la Maison Blanche. Et pour mieux nous convaincre de suivre l'événement chez eux, le site organise un concours, avec, à la clé, une figurine Obama en édition limitée (pas forcément du meilleur goût, mais on va dire que c'est le symbole qui compte).

Le rendez-vous est pris.

lundi 19 janvier 2009

Antony & The Johnsons - The Crying Light

Il est des voix rares. Des voix qui transportent une foule d'émotions dans un seul vibrato. Celle d'Antony Hegarty en fait partie. A l'instar de ses héros Klaus Nomi, Boy George et Nina Simone, le New-Yorkais d'adoption, révélé à la face du monde en 2005 avec son album Mercury awardisé, I Am A Bird Now, a le trémolo passionné et douloureux, que d'aucuns interprètent comme de la prétention ou de l'affectation. Love it or leave it. Reste que beaucoup attendaient la suite avec impatience.

Antony avait annoncé la couleur en octobre dernier, avec le sublime EP Another World, teaser magnifique de l'opus The Crying Light qui sort demain.

Loin de l'introspection sur l'ambivalence sexuelle de I Am A Bird Now, The Crying Light est un superbe moment de philosophie et de poésie, une ode à une planète en détresse, un adieu déchirant mais résigné ("I need another world, this one's nearly gone" - "Another World"). Ecrites pendant les 7 dernières années, chaque chanson exprime toute la vulnérabilité d'Antony et de notre monde, déchiré par les guerres et écologiquement menacé.

Alors l'ambiance y est forcément sombre et triste à souhait. Mais, tout comme le co-fondateur du butoh, Kazuo Ohno, à qui est dédicacé l'opus et dont la photo illustre la pochette, tout est question d'élegance. Antony a renoué avec ses Johnsons, et dès l'ouverture sur l'élégiaque "Her Eyes Are Underneath The Ground", les arrangements de piano et de cordes éthérées (Nico Muhly n'est pas le protégé de Philip Glass pour rien) épousent à merveille la ferveur du chanteur. N'étant ni chanteur d'opéra, ni chanteur de jazz, Antony voit forcément sa musique classée en "pop". Mais sa musique est bien plus proche de la musique classique et symphonique, malgré l'apparition des guitares de Steve Cropper, que l'on découvre avec émerveillement sur "Aeon" (il faut croire qu'il a au moins momentanément surmonté son aversion). La chanson, aux accents glam bowiesques, a de plus le mérite, comme sa participation au projet disco dance Hercules and Love Affair, de mettre la voix d'Antony là où on ne l'attend pas.

D'autre part, malgré quelques envolées romantiques ("Daylight and the Sun" est un véritable monument de dramatisme), Antony a choisi la voix de la sobriété ("Dust and Water" est même carrément minimaliste), et fait, toutes proportions gardées, preuve de pas mal d'optimisme. Car, aussi fragile que soit le monde d'Antony, il y vit des danseurs nommés Epilepsy. Les accents bucoliques d'"Everglade", que John Barry n'aurait pas désavouée, transforment finalement ce chant du cygne en formidable cri d'espoir.

Antony's MySpace
Antony's Website
Antony's Page on Secretly Canadian


Genre : rock indé, pop, soul
Label : Rough Trade
Date de sortie : 20 janvier 2008

jeudi 15 janvier 2009

Des nouvelles d'Hillary

J'attends toujours qu'Hillary réponde à mon mail, mais apparemment elle est très occupée ailleurs, notamment à démontrer sa compétence au poste de Secrétaire d'Etat (dans lequel elle soit encore être confirmée) devant le Comité des affaires étrangères du Sénat. Il semblerait qu'elle s'en soit d'ailleurs bien sortie.

Et pour en savoir plus, un petit tour sur le blog de Laurence Haïm (Canal+).



Par ailleurs, on apprend que le rockeur Jon Bon Jovi va donner, ce soir à New York, un concert destiné à éponger la dette de campagne d'Hillary, qui s'élevait tout de même à quelques 6,3 millions de dollars (pas mal quand on sait qu'après sa défaite, on en était à plus de 20 millions). Combien de billets (qui coûtent entre $75 et $1000 (!)) va-t-il falloir vendre ? Et, entre nous, combien se rendront au concert pour soutenir Hillary et combien pour voir Bon Jovi ?

mardi 13 janvier 2009

Fires Of Rome - You Kingdom You


Le voilà. You Kingdom You, premier opus de la formation new-yorkaise Fires Of Rome, qu'on avait découvert en novembre dernier, à l'occasion de la sortie de l'alléchant EP Set In Stone, porté par de prestigieux remixes (M83, Dada Life, Don Rimini, etc.). Alors groupe hype ou plus que ça ?


Par bonheur, l'album ne vient en rien démentir ce que laissait présager le single. Fires of Rome ne fait pas dans la dentelle.

You Kingdom You est à l'image de la ville qui a vu naître le groupe : puissant, urbain et décadent. En 10 titres, qui ne s'attardent guère au-delà des 3 minutes, l'opus dégage un sentiment d'urgence grisant. Andrew Wyatt, Gunnar Olsen, Matthew Kranz et Oscar Rodrigues (le bassiste survolté qui n'apparaît d'ailleurs pas sur la photo du groupe) confrontent et mêlent allègremment prog rock, new wave, glam rock, basse funky, post punk et Dieu sait quoi d'autre en un kaléidoscope flamboyant, mais millimétré. Car l'urgence n'empêche pas une certaine sophistication. La production est léchée, les arrangements élégants. Nos gaillards ont de la bouteille.

Andrew Wyatt, surtout, parfait dans son rôle d'artiste torturé et quelque peu perché, et ce, dès l'ouverture de l'album avec Dawn Lament. L'ombre de T-Rex et de Bowie plane. Amoureux blessé, Wyatt ? Dandy trash assumé en tout cas, quand il déclare "I was disgustingly average as a child, but you can get us through the ropes with your vagina" (Set In Stone) ou répète à l'envie "Don't fuck with me when I'm sober" (Bronx Bombardier). Nous voilà prévenus.

Pour résumer, Fires Of Rome mérite l'attention qu'on leur porte. Le Grand Incendie de Rome avait duré 6 jours et 6 nuits. Tout laisse à penser que cette fois, l'incendie ne s'arrêtera pas. Et puis la hype fera le reste.

Pour en savoir plus et visionner l'interview vidéo d'Andrew Wyatt, cliquez ici. Pour leur myspace, c'est par ici, et pour leur facebook, c'est par .

Genre : rock, glam
Label : The:Hours
Date de sortie : 13 janvier 2009

Ladies and Gentlemen, let me introduce you to... Election Song in English !!

Well... English isn't probably the word, and I apologize for all the misunderstandings that could occur with the translations, kindly operated by Google.

So English-speaking readers, all you have to do is click on the link on the side bar and have a good laugh.

lundi 12 janvier 2009

Gang Gang Dance vs. Crystal Stilts

Mieux vaut tard que jamais. Deux opus auraient largement pu trouver leur place dans les NYC Favorites 2008 : Saint Dymphna, de Gang Gang Dance, et Alight of Night, de Crystal Stilts. Je n'ai écouté le deuxième que récemment (en 2009, donc) et, si j'avais pu apprécier le premier dès l'automne dernier, sa provenance new-yorkaise m'avait jusque là échappée.

Je vais donc essayer de réparer ça comme je peux, en consacrant aux deux formations mes premières chroniques de l'année 2009.
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Gang Gang Dance - Saint Dymphna

Le dernier opus de GGD est sorti chez Warp, et c'est déjà en dire beaucoup. Originaire de Brooklyn, le quatuor a largement étendu sa palette sonique depuis le prometteur God's Money (2005). Étonnamment bien nommé (Saint Dymphna est, comme me l'apprend mon éternel ami Wikipedia, la sainte patronne des déséquilibrés, des malades mentales, des fugueurs, en gros des outsiders et des sujets tabous, ainsi que, curieusement, des familles heureuses, allez comprendre), l'opus est une véritable séance d'électrochocs.

Blips electro et ambient éthérée (l'inaugural Bebey annonce la couleur, Inners Pace ou Afoot viennent le confirmer : le tournant electronique a été pris), guitares brésiliennes, dub engourdi, ardeur orientale (Blue Nile) déflagrations punk (First Communion), beats ragga, grime azymuthé (le survolté Princes, featuring Tinchy Stryder dont le "Oh Shit! Gang Gang!" pourra dérouter un moment, avant que les pièces du puzzle s'assemblent), tout y passe, haché menu par nos new-yorkais qui nous ont concocté une recette toute personnelle et reconnaissable entre mille. Lizzi Bougatsos, Brian Degraw, Tim Dewit et Josh Diamond jettent un pont entre le primitivisme le plus farouche et l'avant-garde la plus bestiale. Aphex Twin et Cocteau Twins croisent My Bloody Valentine, Animal Collective et Can sur un dancefloor épileptique. Forcément indispensable.

Genre : rock indé, electro
Label : Warp
Date de sortie : 06 octobre 2008

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Crystal Stilts - Alight of Night

Né il y a 5 ans, également à Brooklyn (décidément véritable vivier de musiciens talentueux) de la rencontre de Brad Hargett (au chant) et JB Townsend (guitare), le groupe s'est agrandi au fil des années avec l'arrivée de Kyle Forrester (clavier), d'Andy Adler (basse) et de la batteuse Frankie Rose, qui opérait précédemment au sein des Vivian Girls, formation voisine et soeur de label.

Les influences des deux groupes semblent d'ailleurs être voisines elles-aussi : le Velvet Underground n'est pas loin, les premiers Jesus & Mary Chain non plus, alors que certaines fantaisies musicales sixties penchent du côté des Doors. La nonchalance de Hargett au chant, à la limite de la morosité, l'ambiance sombre eighties à souhait n'est pas non plus sans rappeler Joy Division et, du coup, leurs compatriotes d'Interpol. Si la première écoute peut induire un léger sentiment dépressif, la suivante efface très vite cette impression. Le chant monotone et amer de Hargett épouse à merveille les boucles psychés de claviers et les riffs vénéneux des guitares. Sans aller jusqu'à sauter partout, on pourrait bien aller jusqu'à danser sur The SinKing ou sur le plus pop Prismatic Room. Trouble et entêtant : Alight of Night est donc sans contexte la bande son idéale de cet hiver glacial, et de ces temps de crise.

Genre : rock indé
Label : Slumberland
Date de sortie : 28 octobre 2008

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Crystal Stilts accompagneront les Anglais de The Chap et les Français d'Electric Electric le 10 février à Mains d'Oeuvres. Ils se produiront également ailleurs dans l'hexagone, vous pouvez consulter les dates et lieux sur leur myspace. Notons que les Vivian Girls (avec ou sans Frankie) se produiront au Point Ephémère 3 jours plus tard.

Quant à Gang Gang Dance, c'est également au Point Ephémère, le 20 février, que les Parisiens pourront les apprécier, à moins qu'ils ne se rendent le lendemain à St-Malo, où les New-Yorkais se produisent à la Route du Rock. Pour les autres dates, rendez-vous sur leur myspace.

dimanche 11 janvier 2009

Pour un "Secretary of the Arts" ?

Alors que notre propre ministère de la Culture fêtera son cinquantième anniversaire en février prochain, Quincy Jones a, sans nécessairement le vouloir, commencé un mouvement pour la création d'un "Secretary of the Arts" aux Etats-Unis.

Lors d'une interview accordée à Soundcheck en novembre dernier, Jones a en effet annoncé que sa "prochaine conversation avec le Président élu Barack Obama serait pour le supplier de nommer un "secretary of the arts". Jaime Austria, violoncelliste pour l'Opéra de New York et l'Orchestre de l'American Ballet Theatre, a sauté sur l'occasion pour créer une pétition en ligne, qui totalise aujourd'hui plus de 44 000 signatures. Pas tant que ça si on considère la population américaine. Austria devrait peut-être considérer de mettre sa pétition sur facebook.

Enfin quoiqu'il en soit, cette histoire m'aura permis de réaliser que non, les Etats-Unis n'ont pas d'équivalent à notre ministère de la culture. Ils ont en revanche le National Endowment for the Arts, une agence publique, créée par décision du Congrès en 1965 et dédiée au support des arts sous toutes leurs formes. Mais, bien qu'indépendant, le NEA dépend beaucoup des subsides du gouvernement, et ceux-ci ont apparemment considérablement baissé depuis 1994 et représentent aujourd'hui à peu près 144 millions de dollars, soit environ 50 cents par Américain.

La bonne nouvelle, c'est qu'Obama, s'il ne s'est pas prononcé sur la création d'un poste de Secrétaire des Arts, est néanmoins un grand supporter de l'éducation artistique, et envisage d'augmenter ces subventions, ainsi que celles du National Endowment for the Humanities et de l'Institute of Museum and Library Services. Affaire à suivre, donc.

mercredi 7 janvier 2009

Interview GANN MATTHEWS



Oui, elle a mis son temps à arriver sur ElectionSong, cette interview du fameux Gann Matthews (pas facile de trouver le temps de faire du montage vidéo entre deux coupes de champagne et deux parts de bûche). Pour ceux qui auraient oublié, Gann était l'un des artistes découverts lors de cette très sympathique soirée au Pete's Candy Store. Originaire de Denver, il a laissé sa petite renommé locale (il a tout de même été "Denver's Best Singer-Songwriter-Male" en 2005) pour tenter sa chance dans la Grosse Pomme.

Heureux papa de deux opus, Matthews renie cependant quelque peu le 1er, The Thin Line, dont il ne nous dira du coup pas grand chose. Sans avoir complètement changé de style depuis, il avoue que sa quête perpétuelle de renouvellement musical (comme Thom Yorke ou Beck, qu'il admire) le pousse à ne pas s'attarder sur ses oeuvres passées.


Sur l'EP Silent Sound (2006), en revanche, il est un peu plus bavard, et sur l'album selftitled, qui devrait sortir sous peu, il est limite intarissable. Conçu comme une suite pour l'EP, on y retrouve certains titres dans des versions différentes, plus orchestrées. Aux traditionnels piano, guitare (deux instruments dans lesquels Gann excelle), basse et batterie, viennent s'ajouter cordes symphoniques et cuivres puissants, offrant à la musique pop-folk de l'artiste une profondeur nouvelle. Matthews n'a pas étudié la composition pour rien.

Ses influences de jeunesse, des Beatles à Bob Dylan en passant par Tom Petty, se font clairement entendre. Gann se place dans la lignée de ses contemporains folkeux, de Jason Collett (avec lequel il partage un timbre velouté et le goût des arrangements chauds) à Ron Sexsmith ou Iron & Wine.

Gann travaille également sur son "home record", entièrement confectionné et enregistré dans le salon dans lequel il nous a reçu. Et comme Gann est un homme pressé, celui-ci aussi verra le jour en 2009. Et, pour l'un comme pour l'autre, je ne manquerai pas de vous tenir informés.

En bonus, une petite vidéo que Gann, visiblement adepte du DIY, a réalisé sur son rooftop. Ah qu'il fait bon vivre à Brooklyn !



Et pour finir, je vais souhaiter une très belle année 2009, pleine de découvertes et de voyages en musique, à tous les lecteurs de ce blog. Voilà, ça c'est fait.

NDLR : The Thin Line et Silent Sound EP sont disponibles sur iTunes.