Hier soir, j'étais invitée à une "party" à l'ONU. Argument choc : Michelle Obama avait fait savoir qu'elle serait là. Bon, évidemment, vous vous en doutez, Michelle n'a pas montré le bout de son nez, mais moi, oui (deuxième argument choc : le côté mangeons et buvons aux frais du contribuable).
Première surprise : c'est assez facile de rentrer dans l'immeuble des Nations Unies. Pas de pièces d'identité, pas de contrôle de sacs, rien, nothing, nada. Heureusement, mes intentions sont pacifiques.
Deuxième surprise : je m'attendais à un cocktail du genre champagne-canapés. C'est d'ailleurs pour ça que je me suis permise d'arriver fashionably late. Mon retard n'est malheureusement pas passé inaperçu, étant donné qu'il s'agissait en fait d'un dîner tout ce qu'il y a de plus formel. Comme le maître d'hôtel me conduisait à ma table, j'ai jeté un oeil autour de moi : melting pot prout-prout, ambassadeurs et fonctionnaires des Nations Unies originaires du monde entier, réunis ce soir pour une raison dont je n'ai malheureusement pas la moindre idée.
Je n'étais pas assez importante pour me retrouver aux côtés d'un ambassadeur, j'ai atterri entre une stagiaire irlandaise et un professeur d'optique de Pennsylvanie. Ils avaient déjà fini leur entrée, j'étais en retard.
Forcément je suis un peu gênée. Je suis là sous de faux prétextes et, comme dit, je n'ai absolument AUCUNE idée de ce qu'il se passe. A peine assise, un serveur remplit mon verre de vin. Je socialise avec mes voisins de table, essaye de manger discrètement et rapidement mon entrée tout en écoutant les discours et en regardant les vidéos projetées sur deux grands écrans (là, je précise que je suis assise derrière un pilier et que je ne vois que la moitié de l'écran).
Je finis par comprendre que nous sommes là pour parler de la spiruline. Le nom me rappelle quelque chose, vaguement, mais je n'arrive pas vraiment à mettre le doigt dessus. J'essaie de trouver un rapport avec le témoignage de cette occidentale qui, ayant perdu une jambe aors qu'elle était enfant, peu de temps après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, travaille aujourd'hui à aider les mutilés du Tiers-Monde en leur fournissant des prothèses. J'essaie de trouver un rapport avec cet autre témoignage qui parle de la situation du sida en Afrique.
Et, alors que nous entamons notre saumon, le maître de cérémonie en vient aux faits : la spiruline va sauver le Tiers-Monde de la famine. Parfait timing, le saumon est délicieux. C'est donc de ça qu'il s'agit : deux cents personnes réunies pour discuter du problème de la faim dans le monde en buvant du Merlot et en mangeant du saumon. Ce sens de l'ironie, c'est magnifique.
Une petite recherche sur Internet me permet d'en savoir plus sur la spiruline, présentée tout au long de la soirée comme un remède miracle. La spiruline est en fait une algue. Elle est actuellement développée pour devenir "la nourriture du futur" pour ses qualités nutritives, réputées exceptionnelles. Pour les curieux, il se trouve que la spiruline est déjà commercialisée et disponible pour nous autres nés du bon côté de la barrière, ce qui fait que vous pouvez consulter les informations nutritionnelles (et acheter de la spiruline) là.
Il paraît qu'en Chine, on donne de la spiruline à la volaille pour les faire grossir plus vite (ça change des hormones, vous me direz). Les Japonais aussi croient énormément au potentiel de spiruline, et sont les 1ers producteurs et consommateurs de spiruline. Car comme le souligne cet article, une autre chose qui a considérablement accrû sa croissance durant ces dernières années est justement la production de spiruline. D'ici 2020, la production mondiale devrait être de 220 000 tonnes (source BioNat.net). La France n'est pas en reste. Elle a commencé à effectuer des recherches sur la spiruline dans les allées 70.
Au registre des points noirs, on citera la possibilité d'effets secondaires pas terribles terribles : selon la Hong Kong Dietitian Association, la haute concentration en protéines, vitamines et minéraux pourraient causer des daumages aux reins et au foie.
Alors, en dehors de ces effets indésirables potentiels, la spiruline apparaît effectivement comme un complément alimentaire formidable, et les scientifiques ont très vite vu les possibilités offertes par l'algue pour répondre aux besoins du Tiers-Monde. Mais, alors qu'on peut trouver des gélules de spiruline dans le commerce pour la modique somme de 10 fois son prix de production, le Tiers-Monde attend encore.
Ah... et le rapport avec l'objet du blog, me direz-vous ? Nous avons eu droit à une superbe interprétation de "My Way" par un illustre inconnu. Un grand moment de musique.
J'adore quand tu ecris comme ça. Nice article. J'ai decouvert la spiruline. C'est tout de même ironique de parler de spriuline dans un idée mondain sans aucune trace de spiruline dans les assiette. Ca aurait pu donner un avant goût de ce que c'est et une sorte de testing dommage.
RépondreSupprimerCa a l'air de se prendre plutôt sous forme de complément alimentaire... Le plus ironique là-dedans, c'est qu'ils en parlaient comme si c'était la découverte de l'année, alors qu'en fait ça fait presque 40 ans que les chercheurs s'y intéressent. On se demande pourquoi les populations dans le besoin n'y ont pas encore accès...
RépondreSupprimerAvant de donner un accès à ce produit aux pays en cours de développement les labo concernés cherchent à verrouiller un max pour engranger les profits
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